Dans le numéro d’avril 2013 du magazine Découvrir de l’ACFAS, Maude Benoit, candidate au doctorat en science politique à l’Université Laval (Québec) et à l’Université Montpellier 1 (France), a rédigé une des chroniques Du côté des étudiants-chercheurs sur le thème du plagiat universitaire.
Elle y fait état des cas de plagiat dans les thèses en Allemagne, comme rapportés dans des dépêches antérieures de L’éveilleur (ici, ici, ici et ici), mais également ailleurs en Europe, où, en 2012 seulement, le premier ministre de la Roumanie Victor Ponta, son ministre de l’Éducation Ioan Mang ainsi que le président de la Hongrie Pal Schmitt sont accusés de plagiat dans la rédaction de leur thèse. C’est sans parler du travail que font Jean-Michel Darde (Archéologie du copier-coller), Michèle Bergadàa (Fraude et déontologie selon les acteurs universitaires), Hélène MAUREL-INDART (Le Plagiat) et nombreux autres. D’ailleurs, plusieurs de ces gens ont participé étroitement à l’organisation du colloque Le plagiat de la recherche (20 et 21 octobre 2011). Cette « fièvre » ne semble pas avoir encore atteint le Québec, ni même le Canada ou les États-Unis…
Pour cette étudiante,
[l]es récents scandales européens apportent un éclairage nouveau sur ce phénomène en brossant un portrait des tricheurs qui ne correspond pas aux préjugés établis. En effet, le milieu universitaire aime dépeindre les plagiaires comme des étudiants de premier cycle utilisant à outrance des passages – non-cités – provenant de Wikipédia, en quête d’une meilleure note obtenue à peu d’effort. Bien souvent, l’ignorance des règles de rédaction et de citation des références est invoquée pour expliquer le comportement de ces jeunes et naïfs tricheurs. Or, ce que nous dévoilent les scandales européens, ce sont des exemples d’adultes bien rompus aux pratiques scientifiques et pour qui le plagiat n’est pas une banale incompréhension du système de référence, mais un moyen de succès. Succès dans l’obtention d’un diplôme et d’un titre, succès dans la publication d’articles et d’ouvrages à partir de la thèse, succès dans la carrière professionnelle qui s’ensuit.
Elle fait également mention d’une nouvelle profession : le « chasseur de plagiaires ».
[L]e Courrier international présentait dans une édition de février 2013 l’entreprise de l’Allemand Martin Heidingsfelder, un « justicier d’un nouveau genre qui gagne sa vie en traquant la fraude aux titres universitaires ».
Deux chercheurs canadiens, Benson Honig et Akanksha Bedi, se sont intéressés au phénomène du plagiat chez les professeurs et chercheurs établis (plutôt que chez les étudiants) dans la discipline du management. Leur article, paru dans le premier numéro de 2012 de la revue Academy of Management Learning & Education, lie la propension au copiage et la pression de publier.
La tyrannie du Publish or perish est certainement à mettre en cause, mais une réflexion approfondie sur la mesure de la performance universitaire et la réussite professionnelle en lien avec l’avènement du numérique serait des plus nécessaire.
Source – Benoît, Maude. Scandales de plagiat universitaire. Découvrir. Avril 2013
Plus sur la profession de chasseur de plagiat dans Le nouvel observateur du 3 avril 2013 : http://tempsreel.nouvelobs.com/education/20130403.OBS6545/profession-chasseurs-de-plagiat.html.