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Le débat sur la permanence des professeurs et des enseignants

Dans la foulée des articles publiés dans divers médias sur la bulle économique en éducation et de certains articles sur la formation à distance (exemple rapporté dans un billet précédent ici), il est parfois évoqué de remettre en question le concept de permanence chez les professeurs, du moins dans sa forme actuelle. Le magazine TIME vient d’y consacrer un article dans son édition du 30 juin. Sans détour, le titre est simplement Should Tenure Be Abolished?. Ouch! L’article nomme les raisons qui soutiennent la permanence des professeurs, toujours pertinentes : protection contre les manoeuvres politiques, financières et administratives; indépendance académique essentielle à une culture de recherche. Il cite ensuite trois problèmes causés par la permanence, selon certains critiques :

  1. la permanence créerait de mauvais incitatifs et elle plomberait la productivité. Les critiques soutiennent que plus rien n’encourage les professeurs à demeurer productifs après leur permanence. Les meilleures années des érudits seraient celles du début de leur carrière. Les administrateurs seraient aussi partie prenante puisque, n’ayant plus aucun ascendant sur les professeurs permanents, ils les laisseraient à eux-mêmes pour se concentrer sur les jeunes professeurs contractuels.
  2. elle serait trop facile à obtenir dans plusieurs institutions, et l’enseignement n’y ferait aucune différence dans la plupart des universités. On reconnait que les exigences pour la permanence sont très variables selon les universités, mais les critiques croient que plusieurs ne sont pas assez grandes. On remet en question le fait que dans la plupart des universités, seul le dossier de recherche est considéré pour la promotion.
  3. on peut en abuser. L’article du TIME cite certains cas où des professeurs ont fait appel à leur indépendance académique pour tenter de justifier et de protéger des comportements sans aucun lien avec leur statut de professeur.

Le TIME présente le cas de certaines universités qui ont cherché à modifier la permanence (sans l’abolir), d’autres qui ont tenté de la remplacer par des contrats à court terme ou à long terme. On ne remet pas nécessairement en question l’engagement pour la durée de la carrière du professeur mais plutôt le concept de salaire garanti à vie sans égard au travail accompli. Ces efforts de modification ont rencontré trop de résistance et n’ont pas abouti. Résultat : plusieurs universités diminuent le nombre de postes de professeurs permanents et ont davantage recours aux professeurs adjoints et contractuels. L’article conclut en appelant à repenser la permanence plutôt qu’à l’abolir, en amenant à la même table administrateurs et professeurs pour identifier des solutions constructives.

Le débat sur la permanence des enseignants pré-universitaires

Dans le même numéro, le TIME consacre un autre article à la permanence des enseignants au préscolaire, primaire et secondaire aux É-U, elle aussi remise en question parce que trop blindée. Un débat qui existe aussi au Québec avec certaines propositions de l’ADQ et de la CAQ de François Legault. En somme, on ne veut pas éliminer complètement la permanence, puisqu’elle a sa raison d’être pour protéger contre des abus, mais on aimerait faciliter le congédiement des personnes jugées non compétentes. Le TIME explique que le taux de révocation de permis de pratique est nettement plus faible dans cette profession que dans d’autres professions telles que le droit ou la médecine, alors qu’il est difficile de croire qu’on y trouve moins de pommes pourries. Vu l’importance de l’éducation, particulièrement chez les enfants, on veut mettre fin à ce régime de protection inflexible.

L’article poursuit en affirmant qu’en l’absence d’une réelle culture de l’excellence qui valorise les enseignants les plus performants, il sera difficile de mettre en place toute réforme visant à faciliter le congédiement des mauvais enseignants. On devine en filigrane un perception de nivellement par le bas.

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Éric Chamberland

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