Grâce à une référence de ma collègue Francheska Gaulin, je découvre un court « conseil » du Conseil supérieur de l’éducation (CSE) datant du mardi 14 avril à propos de principes à respecter au moment de pérenniser l’offre de formation à distance dans nos institutions (accessibilité, qualité, viabilité). Plus important me semble-t-il, ce « conseil » pointe vers le document Définitions et modalités de la formation à distance de Nadine Forget-Dubois, première partie d’un rapport plus conséquent du CSE à paraître dans le courant de l’année à propos de l’état et des besoins en éducation. “Elle fait également suite à une demande des responsables du projet eCampus au bureau de mise en œuvre du Plan d’action numérique en éducation et en enseignement supérieur du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.”
À l’Université de Sherbrooke, comme ailleurs, l’enjeu de la catégorisation des activités pédagogiques offertes à distance ou non reste important. Sans une certaine précision à cet égard, impossible d’avoir un portrait global à une échelle institutionnelle ou provinciale. Des définitions plus précises de ce qui est et qui n’est pas de la FAD seraient certainement bienvenues. Ainsi, on mentionne dans l’avis aux lecteurs qu'”[u]ne définition de la formation à distance s’avère nécessaire pour mener à terme le projet eCampus, qui vise à rassembler toute l’offre de formation à distance au Québec.”
Outre un historique, un rapide état de la FAD dans les établissements québécois et une définition des termes formation, éducation ou apprentissage à distance, la table des matières du document compte principalement deux grandes sections: les catégories de définition de la FAD et les modalités de la FAD. La section sur les modalités inclut des sous-sections sur…
- l’apprentissage en ligne (e-learning),
- l’apprentissage combiné et hybride (avec un court paragraphe sur l’apprentissage comodal),
- la FAD synchrone et asychrone,
- l’apprentissage mobile (m-learning) et
- l’apprentissage ouvert (où il est notamment question des ressources éducatives livre (REL) et des Massive Open Online Courses (MOOC)).
Voilà qui donne un éventail de tout ce qui peut constituer de la FAD en 2020.
En ce qui concerne les éléments d’une définition scientifique, Forget-Dubois en identifie six (6) mais qui ne sont jamais toutes présentes au sein des définitions consultées: la distance physique, la médiation par la technologie, la distance temporelle, la formalité d’un enseignement offert par un établissement reconnu (sans quoi il peut s’agir d’apprentissage informel), la création d’une communauté d’apprentissage, l’autonomie de la démarche. Les trois premiers éléments sont les plus fréquents alors que les trois derniers varient “[s]elon l’intention et l’orientation théorique de l’auteur ou de l’autrice”.
Toutefois, le document semble éviter de fixer une telle définition… “[P]lusieurs établissements producteurs de FAD au Québec définissent celle-ci moins par ses caractéristiques que par les avantages qu’elle offre aux étudiantes et aux étudiants, quand ils ne la réduisent pas à ses moyens de diffusion.” (mon emphase) “Par exemple, certains cours considérés comme hybrides par les établissements émetteurs sont donnés entièrement à distance en combinant des périodes synchrones et asynchrones.”
Le document constate que “les définitions sont floues parce que la réalité qu’elles tentent de représenter est changeante” et que “cette imprécision permet aux établissements d’enseignement de s’approprier les construits selon leurs besoins et leur réalité”. Forget-Dubois affirme qu'”[i]l ne semble donc pas judicieux de trancher en faveur d’une définition ou d’une autre” (mon emphase).
Plus intéressante, il me semble, l’idée que certaines perspectives d’avenir de la FAD obligeront à la définir par-delà les technologies employées (qui sont nécessairement éphémères, puisque régulièrement remplacées):
“… certains prédisent la mort imminente de l’expression « en ligne » (University
Business, 2016) pour parler de la formation : les différences entre e-learning, m-learning ou cours hybride importeraient peu, puisque nous nous dirigerions vers l’apprentissage ubiquitaire : la question est de savoir si la pédagogie permet à l’apprenante ou à l’apprenant d’atteindre l’objectif et non quel est le mode de diffusion de la pédagogie. Dans l’apprentissage ubiquitaire, l’apprenante ou l’apprenant maîtrise son apprentissage et l’environnement de celui-ci; la situation d’apprentissage est authentique, au bon endroit et au bon moment (Gicquel, 2010). Quel que soit le futur de la FAD, il nous surprendra.” (mon emphase)
Le problème me semble pourtant rester entier puisque “[s]elon l’objectif poursuivi, le eCampus pourrait être appelé à définir la modalité de certains cours différemment de l’établissement d’origine. Les modalités de diffusion devront être prises en considération, clairement indiquées aux étudiantes et aux étudiants, et gardées à jour.”
Source: Forget-Dubois, Nadine (avril 2020), Définitions et modalités de la formation à distance, Études et recherches, Québec, Conseil supérieur de l’éducation, 46 p. [document PDF]