Un article de Meris Stansbury dans le site eSchool News du 18 novembre 2011 met de l’avant de façon à la fois humoristique et réaliste dix trucs pour aider les enseignants réfractaires à l’emploi de la technologie dans leurs cours. Bien que l’issue de l’article cible davantage les enseignants américains de l’ordre secondaire, il y a quelques bonnes idées qui pourraient être transposées à notre ordre universitaire.
Dans l’ordre, à partir de son expérience de conseillère technopédagogique et de ses diverses recherches, elle adresse les sugggestions suivantes aux technopédagogues qui accompagnent les enseignants, aux enseignants et à l’administration qui déploie les ressources de soutien :
- Commencer tout d’abord à utiliser la technologie à des fins personnelles. Cela aide les enseignants à apprivoiser les logiciels et les plateformes informatiques en douceur et à leur rythme, sans pression et avec des objectifs de satisfaction personnelle.
- Se sensibiliser au fait que le temps investi dans l’apprivoisement des technologies participe au succès d’apprentissage de ses élèves. Il importe que bien cerner quand et comment la technologie peut être la mieux pertinente en classe, puis de considérer quels sont les moyens technologiques qui conviennent à tel ou tel enseignant. Il est tout à fait faux de croire qu’une seule approche passe-partout est possible pour tout le monde.
- Progresser par petits pas. La confiance qui en découle chez les enseignants les aide à réinvestir ce qu’ils ont appris en classe. Idéalement, attendre que le besoin crée la demande, car si l’enseignant est rendu lui-même à telle étape d’apprentissage des technologies, il sera plus réceptif et efficace dans sa propre démarche.
- Pairer un enseignant avec un autre expérimenté en technologies ou un technopédagogue. Dans les écoles secondaires américaines, il est évident que les technopédagogues sont plutôt rares; il est donc plus facile pour eux de trouver un autre enseignant plus habileté à utiliser les technologies. À l’Université de Sherbrooke, l’embauche d’un technopédagogue dans trois facultés jusqu’à présent, soit éducation, administration et génie, permet d’offrir directement un soutien technopédagogique facultaire, ce qui peut grandement aider les professeurs et chargés de cours. Il serait sûrement avantageux que cette formule soit étendue à l’ensemble des facultés soutenant directement le personnel enseignant selon leurs besoins disciplinaires, tout en disposant également de technopédagogues davantage attitrées à des plateformes institutionnelles et à développer des applications plus générales.
- Démontrer les outils informatiques à utiliser en classe, mais ne pas perdre de temps à y faire des pratiques. Afin de maximiser le temps d’enseignement, on propose de laisser les élèves faire leurs essais par eux-mêmes à l’extérieur de la classe après une démonstration. Ils iront chercher le soutien dont ils ont besoin et auront plus de temps pour se familiariser par eux-mêmes.
- Libérer du temps payé aux enseignants afin qu’ils puissent effectuer plus rapidement l’appropriation des technologies souhaitées. Cette idée est intéressante et est transposable en mode universitaire. Ainsi, un professeur, nouveau ou d’expérience, qui souhaite intégrer une plateforme institutionnelle ainsi que d’autres approches technologiques complémentaires pour ses cours pourrait avoir pour un trimestre une libération d’une charge de cours afin de s’approprier ces technologies et se concentrer plus efficacement dans son apprentissage.
- Continuer de soutenir les enseignants tout au long du processus. Il est certain qu’une courte formation de quelques heures ne peut convenir à tout le monde et que des enseignants auront besoin de soutien par la suite. À ce propos, le Service de soutien à la formation de l’Université de Sherbrooke offre actuellement une aide en continue pour le personnel enseignant. Par ailleurs, dans l’éventualité où un virage technologique plus important serait pris, il est très possible que les conseillers pédagogiques et les technopédagogues présents ne soient pas en nombre suffisant pour répondre à la demande. Des embauches supplémentaires seraient nécessaires.
- Tirer profit d’activités technostimulantes : pour motiver les enseignants dans leurs appropriations, l’auteure relate des activités simples et agréables mises sur pied pour partager entre enseignants leurs expériences des technologies : des techno-déjeuners où une équipe démontre comment elle a intégré la technologie à son programme; des rencontres de 5 minutes en mode speed-dating où un enseignant expose à un autre comment il a utilisé avec succès tel outil ou telle application dans sa classe; l’enseignement par un expert techno, qui est en fait un élève du même âge que les personnes de la classe, mais qui a été formé par l’enseignant à raison de 30 minutes par semaine sur un élément techno pertinent (pour certains, l’apprentissage semble se faire mieux par un pair que par un enseignant); de façon collaborative entre la direction et le personnel enseignant, l’établissement d’objectifs technopédagogiques à atteindre pour les enseignants durant l’année scolaire.
- Reconnaître que la technologie peut de fait être intimidante et que c’est correct de ne pas se sentir en confiance et de faire des erreurs. Il importe de faire comprendre que la technologie n’est pas une fin en soi, mais un outil parmi d’autres pour un meilleur apprentissage des élèves.
- S’assurer de la fiabilité de la technologie. Lorsqu’un enseignant peu techno veut utiliser une application ou un outil dans sa classe, il faut, dans la mesure du possible, que cette technologie soit fonctionnelle au moment voulu. Il est certain qu’on ne peut toujours le garantir, mais cela peut avoir un impact très important sur le niveau de confiance à l’endroit de la technologie et influer la suite de l’appropriation.
Source : STANSBURY, Meris, « 10 ways to change the mind of tech-reluctant staff », publié dans eSchool News, 18 novembre 2011.