Fin décembre 2016 paraissait un rapport conjoint des deux institutions qui se sont lancés dans l’aventure des MOOCs à buts non lucratifs… du moins en 2012 (c.-à-d. que leurs MOOC ne sont plus gratuits…). Le document de 19 pages est truffé de renseignements sur la démographie des participants, les niveaux de certifications, les cours segmentés par disciplines, le temps passé en ligne, etc. Il est donc assez difficile de le résumer. Je vais donc m’attarder à quelques points qui m’ont frappé en invitant le lecteur à aller consulter le document original…
D’abord remarquons que les nombres sont impressionnants: En 4 ans, 2.4 millions d’utilisateurs uniques se sont inscrits à des MOOC des deux institutions, soit 4.5 millions d’inscriptions si on considère que certains utilisateurs (environ le tiers) participent à de multiples cours…
De ce nombre, près de 245 000 utilisateurs ont reçu une certification de réussite. Le rapport explique bien que cette faible proportion (5.5 %) ne donne pas un portrait assez complexe de la réalité des MOOC: certains cours n’offrant pas de certification et certains participants ne cherchant pas à en obtenir.
D’ailleurs le rapport distingue entre les participants (qui ont accédé au matériel), les explorateurs (ceux qui ont accédé à plus de 50 % du matériel; soit 740 000 personnes) et ceux qui ont obtenu la certification. Une section du rapport présente les résultats d’un sondage où l’on a demandé aux utilisateurs leurs intentions quant aux cours où ils se sont inscrits:
- alors que certains ne sont pas sûrs de leurs intentions (unsure: 13 %),
- d’autres ne prévoient que de survoler le matériel (browse: 2 %) sans s’investir dans les activités proposées,
- d’autres se perçoivent comme des auditeurs libres (audit: 30 %) et
- certains ont effectivement l’intention de compléter les activités et d’obtenir le certificat (complete: 54 %).
Environ 30 % de ceux qui souhaitent compléter un cours y parviennent, mais un faible pourcentage des auditeurs libres (5 %) et de ceux qui survolent (5 %) finissent pourtant avec un certificat…
D’un point de vue démographique, on savait déjà
- qu’environ le tiers des utilisateurs de MOOC étaient des femmes (33 %),
- que la majorité d’entre eux avaient déjà des baccalauréats (73 %),
- qu’une minorité provenait des États-Unis (29 %) et
- que leur âge médian était plus élevé (29 ans) que l’âge d’entrée à l’université, mais les chiffres du rapport le confirment.
Évidemment, ces nombres varient selon les disciplines. Par exemple, les cours de sciences n’attirent que 16 % de femmes et des hommes plus jeunes (âge médian: 25 ans) d’outremer (25 % d’américains), alors que c’est l’inverse pour les cours de sciences humaines (47 % de femmes, âge médian: 32 et 34 % d’américains).
Deux autres sections ont attiré mon attention:
- On met l’accent sur le fait que 32 % des participants sondés déclarent être ou avoir été enseignant/ formateur pendant leur carrière, alors que 19 % d’entre eux déclarent enseigner dans un domaine relié au cours suivi. J’ai trouvé intéressant de penser aux MOOC comme un outil possible de formation continue pour enseignants. C’est bien sûr une clientèle qui intéresse HarvardX et MITx…
- On tente d’établir des rapports de proportion entre le temps requis pour compléter un MOOC et celui nécessaire à compléter des cours en présentiel (14 semaines à 12 h/ semaine = 168 heures), tout en reconnaissant qu’il est difficile de comptabiliser le temps passé à travailler hors ligne pour les MOOC ou celui passé à faire du travail personnel “à la maison” pour les cours présentiels. On estime toutefois que les MOOC prendraient environ 30 % du temps passé dans un cours en présentiel équivalent, mais que ce rapport varierait de manière importante selon les disciplines. Cette précipitation ne garantit d’ailleurs pas une certification:
- “The time that participants spend online is also a powerful predictor of certification, like many other activity statistics in MOOCs. The central line in Exhibit 9d shows that almost no one who spends less than 10% of residential time online earns a certificate, but 21% of those who spend 10%-20% of residential time online earn a certificate. Those who spend half or more of residential time online have certification rates from 62% to 77% as time online increases.” (Chuang et Dean Ho, 2016)
Source: Chuang, Isaac et Andrew Dean Ho, HarvardX and MITx: Four Years of Open Online Courses — Fall 2012-Summer 2016, Research Committee for the Vice Provost for Advances in Learning, Harvard University/ Office of Digital Learning, MIT; 23 décembre 2016, 19 pages [document PDF].