Pédagogique Point chaud / en émergence

Comment réduire les risques de tricherie dans les examens en ligne

Le GRIA (Groupe de recherche sur l’intégrité académique) a relayé sur sa page Facebook un article du Figaro au titre provocant : Examens en ligne à l’université : quand la triche devient la norme.  La tricherie dans les examens en ligne est une crainte bien réelle et le contenu de l’article vient confirmer le pire cauchemar des enseignants, notamment en citant des messages étudiants postés sur Twitter.

 «J’ai triché à chaque partiel bien salement et je suis fière de mes capacités de tricherie», «Update de mon partiel: j’ai jamais autant triché de ma vie», «J’ai tout préparé pour mon partiel d’esp, je suis prêt pour la maxi triche».

Ces propos m’attristent profondément.    

Mais ce qui me rend encore plus triste, c’est ce constat de Sandrine Rui, vice-présidente formation de l’université de Bordeaux : «Si certains veulent tricher, on ne peut pas y parer».

Qu’une vice-présidente d’université puisse se sentir aussi impuissante devant la tricherie me sidère.  À la limite, je pourrais comprendre qu’elle se sente impuissante à empêcher les étudiants de tricher dans des examens qui rendent la fraude facile.  Mais elle a du pouvoir comme vice-présidente à la formation, du moins un pouvoir d’influence et de sensibilisation : rappeler aux enseignants qu’ils peuvent revoir leurs outils d’évaluation afin de tenir compte des enjeux relatifs à l’intégrité lors d’évaluation à distance

C’est ce que le SSF a fait dans deux outils qu’il a produits récemment :

  1. Tableau des modalités d’évaluation alternatives,
  2. Évaluation certificative avec les activités Devoir et Test de Moodle.

Dans le deuxième document, on retrouve toute une section sur des conseils et des procédures de paramétrage visant à réduire les tentations de fraude pour plutôt soutenir l’intégrité académique. 

L’article du Figaro contient des passages qui pourraient servir de déclencheurs pour des discussions de fond sur l’évaluation.  En voici un exemple. «Personnellement, j’ai passé mes partiels confinée avec mon copain. On a fait tous nos examens à deux: le premier lisait les questions pendant que l’autre faisait des recherches sur internet et donnait les réponses».  Peut-on envisager que les deux étudiants ont fait les apprentissages visés par le cours?  Mieux encore, peut-on imaginer, accepter, concevoir qu’ils ont mobilisé leurs compétences informationnelles pour arriver à répondre aux questions?  L’essentiel n’est-il pas de se demander comment se font les apprentissages? Travail d’équipe, entraide, partage… sont des valeurs chères aux étudiants : quels rôles peuvent-elles jouer dans l’apprentissage?

La pandémie et le passage obligé à la FAD constituent une occasion inespérée de revoir notre conception de l’évaluation, car le pouvoir de susciter des comportements intègres (et un apprentissage en profondeur), je le répète depuis dix ans, est dans nos mains d’enseignants.  Nulle part ailleurs.    

Source

Bordas, Wally.  Examens en ligne à l’université : quand la triche devient la normeLe Figaro.  15 mai 2020.

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Sonia Morin

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