Pédagogique

Colorer sa pensée

Dans un travail universitaire, il est fréquent que l’on doive appuyer ses propos par des citations. Mais quand on débute dans ce rôle de rédacteur, comment savoir si on en fait trop ou pas assez? Quel recul peut-on se donner afin d’éviter que son travail ne souffre d’une disette sémantique ou d’une surcharge référentielle?

La professeure Susan M. Plachta, qui enseigne au St. Clair County Community College depuis une vingtaine d’années, nous offre sa solution colorée issue de nombreux essais avec ses étudiantes et étudiants. Elle nous propose donc d’utiliser le surligneur comme outil pour révéler les passages dans le texte où les citations sont utilisées.

Comment procéder
Au début, lorsque vous annoncez l’objet de leur travail de recherche, indiquez aux personnes étudiantes de rédiger un premier jet de leur travail et de l’apporter avec elles ainsi qu’un surligneur. Ne leur mentionnez pas tout de suite à quoi servira ledit surligneur. Laissez planer les hypothèses jusqu’au “jour J”.

Au cours suivant, que vous soyez en face à face ou en ligne, demandez à vos personnes étudiantes de retracer et surligner dans leur version initiale les passages où elles ont inséré des citations. Par la suite, invitez-les à prendre en compte du peu ou de l’abondance de couleur dans leur texte.

S’il n’y a pas ou très peu de couleur, il faudra considérer ajouter des citations pour appuyer ses dires. Si par contre, la couleur a envahit la quasi-totalité du texte, il faut alors restreindre l’apport de la citation et augmenter son propos argumentatif.
Par la suite, vous pouvez leur montrer un exemple de texte démontrant un bon équilibre entre argumentaire et citations. Vous pouvez aussi inviter des volontaires à montrer des exemples de texte trop ou pas assez colorés.

De nombreux avantages
En plus de mettre vos personnes étudiantes dans l’action, vous leur permettez d’interagir avec leurs pairs et sans doute d’être plus sensibles à d’éventuels plagiats. Cette méthode de mise en évidence des passages de citation a aussi un effet sur le reste du texte. Le schéma de pensée de l’auteur s’en trouve automatiquement inversement mis en évidence. Le novice comme le rédacteur d’expérience peut ainsi constater des lacunes ou des forces de son argumentaire. Comme si la couleur dans son texte – ou son absence – témoignait de la force de sa pensée.

Pour conclure
Bien que cette technologie soit un tantinet démodée par les temps numériques qui courent, le surligneur peut devenir un outil pour étaler sa pensée au grand jour. Peut-être y aurait-il d’autres usages pédagogiques qu’un simple surligneur vous permettrait d’accomplir avec vos étudiantes et étudiants? Lesquels selon vous?

Source: Plachta, S.M., How Highlighters Can Help Students Write Better Research Papers, Faculty Focus, 22 juin 2022.

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Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.

À propos de l'auteur

Daniel Genest

Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.

1 commentaire

  • Bonjour, j’aime beaucoup cette technique très visuelle et qui permet facilement de comprendre le déséquilivre que vous évoquez. Le surligneur numérique des traitements de texte en assure la pérennité 😉 Je pense q’il peut aussi être intéressant d’utiliser une carte mentale numérique et d’ajouter une branche “citation” aux côtés de chaque élément clé de l’argumentaire. Il sera ainsi possible de visualiser l’équilibre des citations : renforce-t-on l’ensemble des arguments ? Si ce n’est pas le cas, les arguments qui n’ont pas ou peu de citations doivent-ils être du coup davantage travaillés et développés ?

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