Pédagogique Point chaud / en émergence

L’autochtonisation des institutions d’enseignement supérieur, c’est quoi?

Il a été assez peu question sur ce blogue du mouvement pour l’autochtonisation des collèges et des universités, sinon pour parler du nouveau Département à de l’UQAT (2016, authentification requise) ou d’un nouveau programme à l’UQTR (2009, autentification requise). C’est pourtant un sujet aussi important que sensible au Canada, notamment depuis les conclusions de la Commission de vérité et réconciliation, en 2015…

Le CAPRES (Consortium d’animation sur la persévérance et la réussite en enseignement supérieur) a fait un meilleur travail que nous sur cette question, ayant notamment préparé un dossier sur le sujet. On y retrouve enjeu, notion-clé, pratiques inspirantes, activités et de nombreuses références. Ma collègue Sophie Vincent du Pôle régional en enseignement supérieur de l’Estrie  (PRESE) a l’aimabilité de nous garder au fait des nouvelles que relaie le CAPRES au moyen de la page Facebook privée PRESE – Premiers peuples.

C’est ainsi que j’ai découvert que le CAPRES nous informait à la fin septembre 2020 du contenu en trois parties de Pulling Together : A guide for Indigenization of post-secondary institutions (BC Campus, 2018, en anglais), un ouvrage en libre accès (licence Creative Commons – usage non commercial) de Kory Wilson, présidente du Comité consultatif de l’éducation autochtone de CICan et directrice d’Initiatives et partenariats autochtones du British Columbia Institute of Technology (BCIT). On peut télécharger ce guide en différents formats (dont le PDF), mais il existe en version web plus interactive…

  • Section 1 – Histoire et les cultures des Premiers Peuples, processus actuel de décolonisation (réponses à certaines questions et déconstruction de certains mythes tenaces).
  • Section 2 – Comment la colonisation continue d’affecter les Premiers Peuples, relation entre les peuples autochtones et non autochtones aujourd’hui (traités, lois et actes du Parlement, système de réserve, pensionnats, Commission de vérité et de réconciliation du Canada).
  • Section 3 – Obstacles actuels rencontrés par les Premiers Peuples et qui sont tributaires de plusieurs siècles de racisme institutionnalisé (stéréotypes, micro-agressions, appropriation culturelle, droits et gouvernements autochtones, réconciliation, besoin d’alliés non autochtones).

L’ouvrage web intègre des vidéos et propose des activités de réflexion au lecteur.

Toutefois, c’est dans une nouvelle précédente du CAPRES (24 mai 2018) que j’ai trouvé différentes réponses à la question en titre, soit des définitions de l’autochtonisation des institutions d’enseignement supérieur. On y résume le numéro d’Hiver 2018 du magazine Communiqué de l’Association des services aux étudiants des universités et collèges du Canada (ASEUCC/CACUSS). J’ai pu y apprendre que…

  • “l’autochtonisation signifie que « des efforts conscients sont mis en œuvre pour intégrer les peuples autochtones, leurs philosophies, leurs connaissances et leurs cultures dans les plans stratégiques, les rôles de gouvernance, l’élaboration et l’examen des programmes d’études, la recherche et le perfectionnement professionnel »”.
  • “l’autochtonisation doit toutefois être plus qu’une simple liste de demandes ; elle doit engendrer un changement significatif et substantiel dans le tissu institutionnel (Pidgeon, 2016). En ce sens, elle implique un processus de décolonisation, afin que les attitudes individuelles, messages culturels et pratiques institutionnelles cessent d’avantager les personnes blanches aux dépens des autres.”
  • “…en plus de renvoyer à la création d’un espace de soutien et de confort à l’intérieur des institutions, l’autochtonisation réfère au recadrage de la production de connaissances et à la transmission d’un point de vue autochtone. “
  • selon “Pidgeon (2015) : il s’agit d’un mouvement vivant et complexe qui vise l’intégrité culturelle des peuples autochtones dans les institutions postsecondaires, par le biais d’une approche respectueuse et de programmes et de services pertinents.”
  • D’après Mark Solomon, directeur de la vie étudiante au Seneca College et membre des Premières nations, “le processus de décolonisation ne se réduit pas à des pow-wow sur les campus. Il vise les structures et les cadres coloniaux au sein des institutions, de même que les représentations symboliques, parfois fausses, des cultures autochtones. Il bouscule donc les structures en place, ce qui suscite inévitablement des réactions.”

Sources:
Guide d’autochtonisation en enseignement supérieur – Publication“, CAPRES, 30 septembre 2020

Publication – Autochtonisation de l’enseignement supérieur“, CAPRES, 24 mai 2018

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Jean-Sébastien Dubé

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