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Si j’étais journaliste et que je voulais parler de tricherie…

C’est la période de l’année où les journaux se passionnent pour la tricherie et nous lancent à la figure des titres qui visent à nous outrer.  Souvent, les journalistes, comme c’est le cas ici, appellent toutes les formes de tricherie « plagiat », ce qui confond le lecteur et l’empêche de comprendre l’enjeu soulevé.  Avoir accès à des réponses, peu importe où elles se trouvent, c’est bien de la tricherie mais pas du plagiat. Le plagiat est bien une forme de tricherie et il consiste à faire passer pour siens les propos d’une autre personne. 

Cela étant clarifié, parlons maintenant des formes de tricherie que la pandémie a exacerbées : celles commises aux examens, examens qui se faisaient en salle et sous surveillance.  À distance, la surveillance pose un certain nombre de difficultés et celle de l’invasion de la vie privée par des outils technologiques n’en est pas la moindre. 

Pourquoi les enseignantes et enseignants n’ont-ils pas profité de cette situation unique pour revoir leurs modalités d’évaluation?  Ils ont dû le faire pour leur enseignement : j’ai été témoin des efforts qu’ils ont fournis pour s’adapter et je leur tire mon chapeau.  Si seulement maintenant ils pouvaient adapter leurs moyens d’évaluation et faire preuve de courage en osant permettre (à certains conditions favorisant le développement de compétences dont les futurs professionnels auront besoin une fois sur le marché du travail) ce qu’ils interdisent normalement : la recherche d’information sur internet (compétences informationnelles) ou ailleurs, le travail d’équipe, la collaboration et la consultation d’experts. 

Les programmes d’études visent à former des professionnelles et des professionnels appelés à contribuer à l’enrichissement de la société avec compétence et intégrité dans le contexte actuel de cette société aujourd’hui numérique et d’une complexité sans précédent qui demande non seulement de savoir trouver les « bonnes »informations et les « vrais » experts et mais également de savoir travailler ensemble à faire face aux défis de l’heure.

Si j’étais journaliste, je chercherais à savoir pourquoi les enseignants continuent d’utiliser des outils d’évaluation qui facilitent la tricherie…

N.B.  J’ai d’abord écrit ce texte pour le verser ce matin du 15 septembre 2021 sur ma page Facebook.

Source –   Morasse, Marie-Eve.  La pandémie fait bondir les cas de plagiatLa Presse.  15 septembre 2021.

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Sonia Morin

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