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Les ressources numériques au service des recherches et des thèses en sciences humaines

Le numérique offre de nombreuses possibilités non seulement pour faire de la recherche mais également pour rendre compte de manière dynamique des résultats de recherche.  Nous sommes ici dans ce que plusieurs nomment les sciences humaines numériques (digital humanities), à savoir les sciences humaines qui utilisent les outils numériques pour l’avancement des connaissances et la production de nouveaux savoirs.

Voici des exemples de recherches effectuées à l’aide du numérique.

Exemple A – Histoire

L’essor et le déclin des journaux de prisons  (Sarita Alami, Emory University)  – L’étudiante a analysé une grande quantité de matériel écrit entre 1912 et 1980 à l’aide d’un outil numérique de type libre appelé Mallet, qui classe les écrits par sujet et qui établit des corrélations entre les sujets abordés et les événements politiques et les soulèvements.

Exemple B –Histoire

La géographie du service postal (Cameron Blevins, Stanford Unviersity) – L’étudiant s’est servi de techniques de visualisation de données pour faire une carte rendant compte de l’évolution dans le temps de la géographie du service postal en lien avec  diverses variables :  les routes, les chemins de fer, les événements politiques, les booms miniers…  Sa thèse comprend une carte interactive.

Exemple C –Histoire de l’art et architecture

Reconquête architecturale : la présence armée des ordres militaires chrétiens à la frontière ibérique avec l’islam (1150-1400)  (Edward Triplett, Univeristy of Virginia) L’étudiant a utilisé des cartes numériques et l’animation en 3D pour reconstruire les ruines de l’époque médiévale, ce faisant, il a pu comprendre (voir) une histoire beaucoup plus complexe quant aux échanges entre les deux cultures.  Sa thèse permet aux lecteurs d’entrer dans les ruines reconstruites, de s’y promener tout en prenant un rôle de moine ou de chevalier.

Dans les trois cas ci-dessus, le recours à des technologies numériques a conduit à la création de nouveaux savoirs, probablement difficiles, voire impossibles, à réaliser auparavant.  Les étudiants ont dû apprendre à utiliser ces technologies, à la mettre au service de leur projet de recherche et à s’en servir pour produire leur thèse, thèse que l’on qualifie de numérique, de multimédia.    Ceux qui postulent que la rédaction d’une thèse papier allonge la durée des études, nuit à la diplomation et la préparation à une carrière non universitaire voient en la thèse numérique une solution à ces problèmes.  Mais ces technologies coûtent cher et il faut des administrateurs qui y croient pour investir dans cette direction.

C’est le cas de certaines universités.  Par exemple,  Michigan State University et University of Virginia ont investi de grandes sommes d’argent dans la création de centres destinés aux sciences humaines numériques (digital-humanities centres) et la création de programmes de recherche selon l’approche collaborative et sur les nouveaux médias, programmes qui encadrent des étudiants aux cycles supérieurs désireux de réaliser des projets de recherche en ayant recours à des ressources technologiques.  D’autres universités encouragent les collaborations des étudiants à l’intérieur d’un projet global auquel se greffent différents projets de recherche individuels.  On s’approche ici de ce qui se fait déjà dans certaines disciplines en sciences de la santé, en génie… où il y a longtemps que les technologies sont employées.

Une révolution à l’horizon pour les sciences humaines?

Sources :

Constantini, Frabizio.  « The Dissertation Can No Longer Be Defended ».  The Chronicle of Higher Education.  11 février 2013. [accès restreint aux membres payants]

Patton, Stacey. « 3 Ph.D. Candidates Who Are Doing Digital Dissertations ».  The Chronicle of Higher Education.  11 février 2013. [accès restreint aux membres payants]

 

 

 

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Sonia Morin

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