Formation continue Pédagogique

Le décrochage au secondaire en coûts et en conséquences

Régys Caron reprend dans son article le triste bilan de ce que représente le décrochage scolaire d’un jeune qui ne termine pas son secondaire. L’impact est non seulement sur le jeune qui deviendra bientôt un adulte de la société, mais aussi sur la société elle-même, en ce qui a trait aux coûts généraux de santé et de productivité amoindrie.

Voici les chiffres inquiétants : 

  • 28 000 élèves du secondaire décrochent chaque année au Québec
  • 1,9 G$, pertes du gouvernement au terme de la vie des 28 000 décrocheurs annuels
  • 439 000 $, manque à gagner d’un décrocheur au terme de sa vie
  • 63 % de la population carcérale n’a pas de diplôme d’études secondaire (D.E.S.)
  • 15 000 $, ce qu’un décrocheur gagne en moyenne de moins par année qu’un diplômé.

Ce constat a été présenté par « Lison Rhéaume, directrice d’Emploi-Québec, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, à l’occasion d’un atelier portant sur l’impact économique du décrochage scolaire. L’atelier a été présenté dans le cadre de la Rencontre interrégionale sur la persévérance scolaire qui a réuni 830 personnes, il y a quelques semaines, au Centre des congrès de Québec ».

On observe que le décrocheur ne peut aspirer à obtenir de bons emplois et un salaire décent de par son manque de connaissances et de diplômes reconnus. On évalue donc qu’il aura un manque à gagner de 439 000 $ à la fin de vie active au travail. Ayant très probablement à vivre des périodes de chômage, voire d’allocations d’assistance sociale, il pourra éprouver de la déprime, ce qui affectera sa santé et sa qualité de vie.  « La dépression nerveuse a 1,7 fois plus d’incidence chez les décrocheurs, ajoute Mme Rhéaume; 63 % de la population carcérale n’ont pas de diplôme de 5e secondaire. Le décrochage induit donc une hausse de la criminalité. Ces gens-là ont des enfants, précise Mme Rhéaume. Ça crée un cycle intergénérationnel de pauvreté. »

Si ce taux de décrochage de 28 000 jeunes par année devait se maintenir, en incluant les coûts reliés au retour d’environ 50 % des décrocheurs sur les bancs d’école, on estime à 1,9 milliard de dollars le total de la facture au terme de la vie de ces personnes non diplômées, selon une étude ayant pour titre « Savoir pour pouvoir », conçue par le Groupe d’action sur la persévérance scolaire. Ainsi, chaque nouvelle cohorte de 28 000 décrocheurs impliquera avec elle la nécessité d’un nouveau coût de 1,9 milliard de dollars. « “C’est comme si le gouvernement signait chaque année une hypothèque de 1,9 milliard de dollars, écrivent les auteurs de l’étude. Le décrochage met en péril la vigueur économique du Québec en privant la société québécoise de travailleurs qualifiés.” L’économiste Pierre Fortin, qui assistait à l’atelier a convenu que chaque cohorte de décrocheurs coûtera à terme près de 2 G$. »

Pour contrer ce phénomène, les dirigeants d’entreprise sentent qu’ils doivent eux-mêmes se mobiliser, car le gouvernement agit trop lentement. C’est ainsi que déclarait notamment  Henri-Paul Rousseau, ex-PDG de la Caisse de dépôt et placements du Québec et vice-président chez Power Corporation : « La mobilisation va faire des petits. C’est la société civile qui prend le leadership, pas le gouvernement. Et quand le milieu d’affaires se mobilise, on a un impact extraordinaire. » Plusieurs hauts dirigeants insistent pour valoriser les métiers afin d’assurer une relève à la main-d’oeuvre spécialisée dans les usines et les entreprises.

Au-delà de cette première formation menée à terme, il reste que toutes ces personnes représentent aussi un maillon important de la productivité en société. En effet, on peut imaginer qu’encouragées par l’obtention de leur premier diplôme, ces personnes pourront aspirer à continuer plus tard à élargir leurs connaissances par le biais de la formation continue ou d’une allocation fournie par leur employeur pour aller chercher des connaissances plus spécialisées.

Source : CARON, Régys. « Décrochage scolaire. Des coûts exorbitants », article paru dans Canoe.ca, 6 novembre 2011.

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Sylvie Hallé

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