Métavers, intelligence artificielle, pédagogie numérique, enseignement à distance : si certaines personnes enseignantes s’y retrouvent dans tous ça, d’autres s’y sentent un peu perdues. Il s’agit du moins de mes observations personnelles des dernières années en enseignement universitaire. Récemment, j’ai découvert la pédagogie autochtone, une pédagogie holistique qui
[…] se manifeste par une lecture du monde qui se vit dans une structure non hiérarchisée. Il n’y a pas de hiérarchisation des savoirs ni des individus : une discipline n’est pas vue comme plus importante par rapport aux autres. La relation entre maître et élèves en est une de partenariat. L’enseignant dans ce contexte sert de guide. C’est une position qui est recommandée dans le Programme de formation de l’école québécoise. La classe devient donc une communauté d’apprentissage basée sur l’approche relationnelle comme facteur important.Campeau, 2017
Nouveaux, les approches de pédagogie autochtone? Bien sûr que non, elles étaiten là bien avant nos “méthodes pédagogiques habituellement utilisées dans les milieux universitaires […] souvent non adaptées aux besoins de la population étudiante autochtone puisque résultant généralement d’un modèle d’éducation eurocentrique.” (Dion et Collard, 2022)
Mon collègue Jean-Sébastien Dubé à d’ailleurs publié un billet sur l’approche holistique, qui en 2017, semblait prendre son essor aux États-Unis.
Et si ce retour aux pédagogies autochtones, décolonialistes, expérientielles et holistiques était la clé pour répondre aux nombreux questionnements pédagogiques actuels en lien avec la technologie? Après tout, “[c]es fondements ont permis de former, pendant des millénaires, des individus compétents leur permettant d’acquérir des connaissances afin de survivre dans un environnement donné.” (Campeau, 2020)
La mise en oeuvre des principes de pédagogie autochtone permet l’usage du numérique et des technologies, tout en priorisant les interactions humaines et l’ancrage dans le monde physique.
D’ailleurs, mon collègue Daniel Genest vient tout juste d’écrire que “[m]ême si l’humain restera bien présent dans le nouveau paradigme de l’enseignement-apprentissage, son rôle va bifurquer vers celui de guide, de mentor ou d’aîné. L’émotion, le senti, le lien avec la nature vont aussi jouer une partition humaine dans ce nouvel orchestre pédagogique.” C’est ce que j’appelle un retour aux sources, tout en tenant compte de l’utilisation des technologies!
J’ai piqué votre curiosité? Je vous place en référence quelques ressources sur le sujet, dont le site du Conseil en pédagogie autochtone de l’Université de Sherbrooke.
Références
Campeau, D. (2017) La pédagogie autochtone. Persévérance scolaire des jeunes autochtones. http://psja.ctreq.qc.ca/nouvelles/la-pedagogie-autochtone/
Campeau, D. (Septembre 2020) Intégrer la pédagogie autochtone en classe – Apprendre des Premiers Peuples. Webzine Idello. https://webzine.idello.org/integrer-la-pedagogie-autochtone-en-classe-apprendre-des-premiers-peuples/
Dion, M-C et Collard, S. (2022) Diversité étudiante : comment prendre en considération les besoins d’apprentissage de la population étudiante issue des communautés autochtones du Québec pour enseigner à l’université? Pédagogie universitaire. (27) https://pedagogie.uquebec.ca/veille/diversite-etudiante-comment-prendre-en-consideration-les-besoins-dapprentissage-de-la
Dubé, J-S. (2017) Départements, évaluations et admissions “holistiques”… Nouveau mot à la mode dans les universités américaines?. L’éveilleur. https://leveilleur.espaceweb.usherbrooke.ca/27881/departements-evaluations-et-admissions-holistiques-nouveau-mot-a-la-mode-dans-les-universites-americaines/
Genest, D. (2023) Quand le maître se dépasse lui-même. L’éveilleur. https://leveilleur.espaceweb.usherbrooke.ca/45399/quand-le-maitre-se-depasse-lui-meme/
Université de Sherbrooke. Autochtone. https://www.usherbrooke.ca/autochtones/
