Sara Teinturier, chargée de cours à l’UdeS, a récemment attiré mon attention en relayant sur LinkedIn un article intitulé « Place à la didactique et la pédagogie aux cycles supérieurs », paru dans Affaires universitaires (AU). On y présente un programme innovateur qui favorise la collaboration intradépartementale et le leadership des étudiants aux cycles supérieurs.
Il s’agit de l’initiative d’un groupe de travail collaboratif du Département de sciences politiques de l’Université de l’Alberta qui regroupe des professeurs, des chargés de cours et des étudiants aux cycles supérieurs. Le groupe “Teaching and Pedagogy in Political Science” (TaPPS) organise des activités thématiques favorisant le dialogue entre ses membres et la mise en commun d’expériences pédagogiques afin de pour répondre aux besoins émergents en matière de didactique des sciences politiques.
Selon ma compréhension, le fonctionnement du groupe semble se rapprocher de celui d’une communauté de pratique, le groupe ne comportant pas de structure hiérarchique contraignante et les actions étant déterminées par les membres.
Des exemples d’actions réalisées par le TaPPS :
- des visites en classe qui permettent aux membres étudiants et enseignants d’assister aux cours d’un ou d’une collègue pour ensuite réfléchir à des aspects de l’enseignement. Ce groupe donne aux membres la rare chance d’observer un cours selon une perspective autre qu’étudiante ou enseignante.
- un répertoire de ressources partagées de matériel pédagogique (plan de cours, travaux ou d’activités d’apprentissage). Il est relativement facile de trouver du matériel en ligne certes, mais rien n’est plus pertinent que les échanges de matériel intradépartement, le potentiel du matériel est décuplé et son adaptation minimisée.
- un programme de mentorat où des étudiants aux cycles supérieurs conseillent des étudiants de premier cycle sur la réalisation d’un de leur travail de fin de baccalauréat.
Autres effets bénéfiques : le groupe fait naitre de nouvelles relations fondées sur la passion commune de l’enseignement, tout en la gardant contextualisée au domaine disciplinaire. Selon le modèle de développement conçu par Saroyan et ses collègues (2006), cet aspect est fondamental au développement pédagogique de l’enseignement universitaire. Comme le soutiennent les auteurs :
« […] étant donné l’importance de la matière à enseigner [en contexte universitaire] et de la passion qu’elle suscite, nous croyons que la matière doit être le point central ainsi que l’origine même de la réflexion menant au développement de l’enseignement. » (p. 177)
Saroyan et al (2006)
Sara Teinturier mentionne dans la publication où elle relaie l’article que les activités de formation à la pédagogie universitaire sont relativement rares – et j’ajouterai qu’elles sont trop souvent générales – alors que la formule du programme TaPPS est à l’image de ses membres et offre des opportunités ciblées et centrées sur le domaine d’enseignement. Pour ces raisons, on est en droit de s’interroger: cette initiative pourrait-elle guider avantageusement notre stratégie institutionnelle sur le plan du développement des compétences professionnelles du personnel enseignant ? Parce l’enseignement est un métier qui s’apprend.
SOURCES
- Sammons, E., Auer, M. et D. D’Orazio (29 avril 2022). Place à la didactique et la pédagogie aux cycles supérieurs : Le programme TaPPS favorise la collaboration intradépartementale et le leadership des étudiants aux cycles supérieurs. Affaires universitaires (AU)
- Saroyan, A., Amundsen, C., McAlpine, L., Weston, C., Winer, L. et Gandell, T. (2006). CHAPITRE 8. Un modèle de développement pédagogique pour l’enseignement universitaire. Dans Nicole Rege-Colet (dir.), La pratique enseignante en mutation à l’université (pp. 171-184). Louvain-la-Neuve, Belgique: De Boeck Supérieur.
- Teinturier, S. (mai 2022). Publication LinkedIn.
Formée au domaine de l'éducation et conseillère pédagogique depuis une vingtaine d'années, Je suis "officiellement" à l'Éveilleur depuis janvier 2022. Les sujets qui m'intéressent sont le développement des compétences du personnel enseignant universitaire, les mesures EDI dans les universités, les pratiques enseignantes inclusives (en soutien à l'apprentissage de tous). J'ai aussi un faible pour les bons outils de vulgarisation qui décrivent les mécanismes et les stratégies d'apprentissage.