Le 20 et 21 octobre derniers, je participais au 4e Colloque de l’Association québécoise du codéveloppement professionnel (AQCP) Cultiver l’intelligence collective par le codéveloppement qui se tenait à Longueuil. Je propose à l’Éveilleur un rapport d’étonnement de mon expérience, considérant que plusieurs membres du personnel de l’UdeS font parti d’un groupe de codéveloppement professionnel (GCP).
Le codéveloppement professionnel vous est inconnu et vous aimeriez le découvrir? Cette page du site de l’AQCP pourra satisfaire votre curiosité.
Ma plus grande surprise — Le GCP peut prendre de multiples variations.
Ma principale découverte — Des humains ! L’humanité derrière les travaux de Denis Cristol et ceux de Yann Vacher. J’ai eu la chance de croiser Claude Champagne, Paul Flasse, Muriel Langouche, des humains formidables qui m’ont permis de belles découvertes.
Claude Champagne et Muriel Langouche ont ouvert le colloque avec « Le groupe de codéveloppement, créer du lien et de la beauté, morceaux choisis. » Cette très belle conférence d’ouverture a honoré les valeurs du GCP par un florilège d’œuvres visuelles, musicales et poétiques choisies avec grand soin. Claude Champage est cofondateur, avec Adrien Payette, de la méthode du GCP. Il est auteur de plusieurs publications et communications sur le sujet. Muriel Langouche est psychologue, facilitatrice certifiée et médiatrice. Elle est active au sein de l’Association belge du codéveloppement professionnel (ABCP).
Muriel Langouche et Paul Flasse ont animé une conférence-expérience sur le codéveloppement au service du vivant. La conférence faisait d’abord le parallèle entre le GCP et The Work That Reconnects ou la méthode du Travail qui relie (TQR). Cette approche a été imaginée par la professeure Joanna Macy pour aider les militants écologistes à retrouver la solidarité et le courage d’agir malgré les reculs des conditions sociales et écologiques. Le TQR vise à ressentir son appartenance au vivant pour retrouver la force d’agir. La méthode est structurée en un cycle de quatre étapes : gratitude, reconnaissance de sa douleur pour le monde, regard neuf, et enfin, aller de l’avant. Positionné dans une spirale infinie, ce cycle peut-être revisité pour consolider les apprentissages. Au delà de la conférence sur le TQR, nous avons expérimenté la méthode de Macy qui permet de revisiter notre appartenance au vivant par des imageries guidées et des interactions avec les personnes participantes. J’en ressors avec la conviction que l’imagination et la créativité sont sous-utilisées et qu’elles possèdent un pouvoir de transformation insoupçonné. Muriel Langouche et Paul Flasse sont actifs au sein de l’Association belge du codéveloppement professionnel (ABCP).
Marc Thiébaud et Yann Vacher ont fait une tour d’horizon des similitudes, des différences et des complémentarités entre le GCP et l’analyse des pratiques professionnelles (APP). L’analyse est bien sûr au centre de l’APP, ce qui n’est pas le cas en codéveloppement. Cependant, des expériences à mi-chemin entre les deux ont été menées et seraient porteuses. Notamment, deux d’entre elles ont fait l’objet d’une autre communication. Marie-Josée Dumoulin (UdeS) rapportait une expérience à la Faculté d’éducation et François Vandercleyen (UdeS) à la Faculté des sciences de l’activité physique, tous deux ayant expérimenté l’approche du codéveloppement pour soutenir le développement des pratiques professionnelles des personnes étudiantes en stage. Les deux panelistes ont perçu que l’approche pouvait être prometteuse. Yann Vacher est formateur à l’Université de Corse, ses recherches portent sur la réflexivité, l’accompagnement et l’analyse des pratiques professionnelles. Marc Thiébaud est accompagnateur, concepteur et animateur de formations et de démarches d’analyse de pratiques. Ils sont tous deux cofondateurs de la Revue de l’analyse des pratiques professionnelles et coauteurs de l’ouvrage Comment accompagner l’analyse des pratiques professionnelles?
Denis Cristol a offert une conférence de fermeture très forte intitulée « Pairagogie, intelligence collective et codéveloppement ». Tout en maintenant le cap sur les aspects théoriques des concepts chers à l’auteur, ce dernier a partagé le sentiment d’urgence qui l’habitait face à « la terre brûle », a-t-il dit. Il nous a enjoint à mettre nos préoccupations écologiques au cœur de toutes nos pratiques en se reliant les uns aux autres et à la nature. Par exemple, un GCP pourrait ajouter une étape pour réfléchir aux impacts de la situation discutée sur l’environnement, sur les exclus ou sur les générations à venir. Ou alors, la situation en jeu peut être réfléchie en termes d’éthique de l’environnement ou de justice sociale. Denis Cristol est connu pour ses recherches sur les communautés d’apprentissage, l’autoformation et les apprentissages informels. Il tient le blog APPRENDRE AUTREMENT dédié aux approches innovantes de la formation dans les organisations (over-blog.com).
Le GCP m’apporte beaucoup et j’aspire à contribuer à sa diffusion. Ces deux journées en compagnie de passionnés de codev de tous horizons m’ont fait le plus grand bien! En espérant que ce partage d’expérience élargisse votre perception du GCP ou vous donne le goût de le découvrir.
Sources
- Association québécoise du codéveloppement professionnel (2022). Programmation du 4e Colloque de l’AQCP : Cultiver l’intelligence collective par le codéveloppement
- Association québécoise du codéveloppement professionnel (AQCP).
- Association belge du codéveloppement professionnel (ABCP).
- Macy, J. (octobre 2022) Joanna Macy and her work.
Formée au domaine de l'éducation et conseillère pédagogique depuis une vingtaine d'années, Je suis "officiellement" à l'Éveilleur depuis janvier 2022. Les sujets qui m'intéressent sont le développement des compétences du personnel enseignant universitaire, les mesures EDI dans les universités, les pratiques enseignantes inclusives (en soutien à l'apprentissage de tous). J'ai aussi un faible pour les bons outils de vulgarisation qui décrivent les mécanismes et les stratégies d'apprentissage.