Point chaud / en émergence

L’intelligence de collaboration et de coopération incontournable pour la résolution des problèmes de notre monde actuel

Pour François Taddei, biologiste de formation et directeur du Centre de recherches interdisciplinaires (CRI) de Paris, le monde est de plus en plus confronté à des problèmes pour lesquels il n’y a pas de solution évidente et de nouvelles formes d’intelligence sont à développer, dont la collaboration interdisciplinaire pour les résoudre.

Il existe trois formes d’intelligence reliées à la résolution de problèmes :

  1. la résolution de problèmes « ordinaires » ou classiques

C’est un modèle en voie d’être dépassé, car de plus en plus de machines arrivent à résoudre ce type de problèmes : conduire une voiture, par exemple.

  1. la résolution de nouveaux problèmes

C’est un modèle qui s’appuie sur la collaboration ou la coopération multi ou interdisciplinaire, car les problèmes sont aujourd’hui d’une telle complexité qu’ils ne peuvent plus être résolus par un seul individu et dans une seule discipline.

Si l’on pense dans une seule et unique dimension, on aura peut-être une solution parfaite dans cette dimension là mais avec tout un tas d’effets secondaires ou négatifs dans d’autres dimensions. Si dès le départ, on a impliqué des gens de mondes différents, avec des modes de pensées différents, on va optimiser le résultat de manière multidimensionnelle. Comme la réalité est multidimensionnelle, il y a plus de chances d’arriver à quelque chose qui fonctionne dans le monde réel. Ce modèle fonctionne sur l’horizontalité, la coopération, l’échange, le raffinement des hypothèses et des idées par le débat et par l’expérimentation.

Signe du changement en cours : l’OCDE mesurera à compter de cette année (2015) la résolution collaborative de problèmes dans son programme PISA.

  1. la définition de problèmes

C’est un modèle qui anticipe les changements et qui innove en créant une réponse. C’est un modèle qui redéfinit la réalité.

La psychologue Alison Gopnik, qui enseigne à l’université de Berkeley, explique que nous sommes tous nés chercheurs, que les plus jeunes bébés sont déjà capables d’observer le monde, d’en être surpris, d’en tirer des hypothèses, d’expérimenter, de faire des erreurs puis d’apprendre de leurs erreurs, de réviser leurs hypothèses de manière dynamique et d’attirer l’attention des autres sur ce qu’ils ont fait. Ces composantes sont justement les composantes essentielles de la démarche scientifique. […] L’important est de savoir passer du questionnement naïf au questionnement scientifique. En poussant à l’extrême le questionnement scientifique, on parvient très vite aux frontières de la connaissance. […] Quand ils se rendent compte qu’ils sont au niveau des frontières de la connaissance, les enfants sont beaucoup plus motivés. Ils ne vont pas résoudre à eux seuls des problèmes complexes mais ils sont déjà contents d’être là et ça les motive énormément pour apprendre ce qui est déjà connu et pour essayer d’aller plus loin.

En éducation, il s’agit de permettre aux étudiants de se questionner, de faire des choses ensembles et par eux-mêmes tout en étant accompagnés par un enseignant qui les font avancer.

Si Taddei est convaincu que la coopération est meilleure que la compétition, il admet qu’il y a une position intermédiaires : la coopétition : créer des équipes et de les mettre en compétition. C’est le modèle qu’utilise le MIT.

Le numérique joue un très grand rôle dans l’avènement de la collaboration. En effet, comme il est peu coûteux, il permet de créer et de recréer. Le numérique permet aussi la copie, c’est-à-dire la récupération des fichiers créés par d’autres qu’il est ensuite possible de modifier, pour faire des mutations et des recombinaisons. En tant que biologiste, je peux vous assurer que les mutations et les recombinaisons sont les moteurs de l’évolution !  Taddei donne des exemples d’intelligence collective :

  • GitHub : des millions de codeurs échangent des millions de programmes, de manière collective;
  • MathOverflow ou PhysicsOverflow permettent de poser des questions et d’offrir des réponses collectives à ces questions;
  • Fold-it a été créé pour essayer d’avancer sur le problème du repliement des protéines, qui est très complexe.

Sources –

Taddei, François. Série Éducation – 4- Les pratiques collaboratives dans l’éducation. ParisTech Review. 12 mars 2015.

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Sonia Morin

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