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Ai-je la berlue ou les images ont été manipulées?

Il existe un organisme à but non lucratif international dont la mission est de soutenir ses membres, essentiellement des gens du milieu de l’édition scientifique, dans leur mission de faire avancer les connaissances par la publication de recherches fiables et valides : la STM, autrement connue sous le nom d’International Association of Scientific, Technical, and Medical Publishers.

Récemment, le Comité des normes et des technologies (Standards and Technology Executive Committee – STEC) de la STM a réuni des membres de l’American Chemical Society, d’Elsevier, de Springer Nature, de Taylor & Francis, de Wiley, de même que d’autres éditeurs pour former un groupe de travail et lui a confié le mandat d’examiner les questions d’Intégrité dans les images soumises dans les publications scientifiques. 

Le groupe de travail vient de diffuser une première version de leurs recommandations qui outline a structured approach to support editors and others applying image integrity screening as part of pre-publication quality control checks or post publication investigation of image and data integrity issues at scholarly journals, books, preprint servers, or data repositories. It provides principles and a three-tier classification for different types of image and data aberrations commonly detected in image integrity screens of figures in research papers and for a consideration of impact on the scholarly study; it also recommends actions journal editors may take to protect the scholarly record. The guidance covers data as rendered in figures in research papers or preprints including source data underlying these figures, where available. It does not include the reanalysis or forensic screening of raw data and large datasets (for example for statistical reporting).

Les trois niveaux d’aberrations

  1. Au premier niveau, les aberrations d’images sont non équivoques ou possiblement limitées à un sous-ensemble d’images (image panels) ou de données.  Elles sont vraisemblablement attribuables à de l’inadvertance, à de mauvaises pratiques ou encore à un « léger » traitement d’embellissement.  Elles ont peu ou pas d’impacts sur la fiabilité des conclusions de la recherche.  Elles peuvent être facilement corrigées.  L’intention d’induire en erreur serait difficile à démontrer.
  2. Au second niveau, l’embellissement est significatif et les manipulations d’images et les données sont non déclarées.  Ces aberrations ont un impact sur les conclusions présentées dans la publication.  Une enquête formelle devient nécessaire pour exclure l’intention d’induire en erreur.
  3. Le troisième niveau est, on s’en doute, celui où on retrouve les cas les plus graves : offuscation, manipulation, fabrication de plusieurs ensembles d’images ou de données et absence de donnée sources authentifiées.  L’intention de tromper est évidente.

Quelques réactions aux recommandations

L’article de Retraction Watch ne dresse pas la liste des recommandations du document du groupe de travail mais on peut deviner la teneur de certaines dans les réactions des quatre spécialistes des images que l’auteur, Ivan Oransky, a consultés. 

David Vaux, biologiste cellulaire à l’Institut de recherche médicale Walter + Eliza Hall (Australie) et membre du conseil d’administration du Center For Scientific Integrity, nous apprend qu’il est question d’instaurer une déclaration relative à l’intégrité des images et données et que les “guidelines to authors will state that adherence is implicit in submitting the paper. Authors agree to provide all raw data, cooperate with investigations, respond to correspondence in a timely manner, or their paper can and will be retracted.”

Pour Elisabeth Bik, scientifique spécialisée (microbiome) et responsable du blogue Science Integrity Digest (Pays-Bas), le document en consultation constitue un excellent complément aux directives du COPE (Committee on Publication Ethics), notamment pour la protection des lanceurs d’alertes anonymes.  De plus, elle dit apprécier que les recommandations “also take into account the authors’ willingness to show source data and provide explanations, which is a good indication whether the authors made inadvertent mistakes or bad research practices, or whether they handled with an intention-to-mislead.” 

Mike Rossner, président d’Image Data Integrity (États-Unis), est plus critique.  Il aurait aimé que le document […] “address how to accomplish the important step of image screening. This has been a contentious issue for nearly 20 years, and the working group may have been avoiding it. In my opinion, journals have an obligation to screen all images in all figures in all manuscripts accepted for publication. There are various ways to accomplish this systematic, universal screening, such as, visual screening in-house, visual screening outsourced, and algorithmic methods that are now coming online and need to be vetted for effectiveness by comparing them to visual screening. STM might consider creating recommendations for the screening process—what should be screened and how it can be screened”.  De plus, il est en désaccord avec recommendation suivante : “Authors should be informed in advance if the editors plan to approach the corresponding authors’ institution.”  Il croit que […] “many Research Integrity Officers may also disagree with it. Institutions often need to have the opportunity to sequester data before an inquiry. Informing the author before informing the institution might give the authors a chance to conceal data before they are sequestered.”

Enfin, Claire (ou Clare) Francis (un pseudonyme utilisé par des gens qui désirent attirer l’attention des éditeurs scientifiques en sciences biomédicales sur de potentiels cas de fraude scientifique), exprime un doute sur les trois niveaux dans le cas d’un type de manipulation d’images issues d’une technique de transfert de protéines : “I think that Level I vertical splicing of gel/blot lanes is Level III deletion of parts of an image (signal or background). I do not think that splicing (where splicing does not occur at the same place in all the panels being compared) is taken seriously enough.  You can’t tell what is missing.”

La version actuelle du document est ouverte pour commentaires jusqu’au 30 octobre 2021 et une nouvelle version du document sera présentée en décembre prochain, le 7 plus exactement.

À suivre assurément en décembre prochain.

Source

Oransky, Ivan.  “Fabulous document”, “very helpful guidance”: Sleuths react to recommendations for handling image integrity issues. Retraction Watch.  21 septembre 2021.

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À propos de l'auteur

Sonia Morin

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