Tendances sociétales

Succès en milieu universitaire et déplacements aériens?

À la suite de demandes étudiantes, l’École polytechnique fédérale de Zurich s’est dotée d’un objectif visant à réduire de 11 % d’ici 2025 les émissions de gaz à effet de serre dues aux déplacements professionnels. Si cette cible peut sembler peu ambitieuse, elle touche néanmoins à une perception forte selon laquelle la progression et le succès dans une carrière universitaire vont de pair avec beaucoup d’échanges et de collaborations… donc, de déplacements aériens, soit une lourde empreinte carbone. Des études semblent indiquer qu’il s’agit d’une perception non fondée.

Les résultats d’une étude menée par les chercheurs Wynes et al. (2019) de UBC s’intéressant au lien entre les déplacements aériens et le succès professionnel des universitaires sont à l’effet que le succès professionnel (mesuré par l’indice h de productivité académique) n’est pas lié aux déplacements aériens. L’étude met également en évidence que les émissions de gaz à effet de serre issues des déplacements aériens professionnels des universitaires “verts” ne seraient pas différents des autres universitaires. Enfin, les auteurs de cette étude estiment que d’importantes réductions d’émission de GES sont à aller chercher en mobilisant, voire en incitant, les universitaires verts à réduire leurs déplacements et ce, sans impacts significatifs sur leurs carrières. Bref, ceux-ci sont appelés à devenir des “leaders culturels” vers la pratique de leur profession avec une empreinte carbone diminuée.

Une étude similaire effectuée à l’École polytechnique fédérale de Lausanne a analysé l’empreinte carbone des déplacements aériens des chercheurs de cet établissement. Les résultats sont à l’effet que la distribution des émissions est très inégale : 10 % des chercheurs sont responsable de près de 60 % des émissions liées aux déplacements aériens. Également, l’empreinte carbone d’un professeur est pratiquement 10 fois plus importante que celle d’un étudiant au doctorat. En évaluant des moyens simples et non contraignants, l’étude identifie des possibilités de réduction de l’ordre de 36 %.

Sources :

Ciers, J. et al. 2019. Carbon Footprint of Academic Air Travel: A Case Study in Switzerland. Infoscience, EPFL scientific publications. 1er janvier 2019.

Frammery, C. 2019. À Berne, la Suisse en marche vers une science décarbonée. Le Temps. 24 mai 2019.

Wynes S. et al. 2019. Academic air travel has a limited influence on professional success. Journal of Cleaner Production. Volume 226, 20 juillet 2019, Pages 959-967.

Des diplômés choisiront leur travail en fonction des préoccupations écologiques des employeurs
La Fondation de l'UQAM sort des énergies fossiles
+ posts

À propos de l'auteur

Véronique Bisaillon

Laisser un commentaire