Les titres de ces articles m’ont induit en erreur: il ne s’agit pas ici de “finalités d’apprentissage” au sens où on l’entend habituellement en formation universitaire, mais bien d'”être apprenti” dans une entreprise dans le contexte de la formation professionnelle au secondaire. “La formation en apprentissage est une tendance internationale parce que les États y voient un moyen de réduire le chômage des jeunes, le décrochage scolaire et la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, ou tout cela à la fois, dépendamment de la problématique à laquelle ils sont confrontés…” (Hart, 2015)
Quel rapport avec l’université ? J’ai décidé d’en faire tout de même une dépêche, parce qu’il me semble que ces articles ouvrent un questionnement plus large sur la formation pratique, qu’il s’agisse des stages, des projets d’études en milieu de travail et même de la formation professionnalisante. De façon plus globale, c’est l’offre de programmes et de cours qui est affectée… surtout en période de compressions où l’on coupe dans certaines disciplines moins “qualifiantes”.
Le contexte particulier derrière ces articles, c’est que l’Angleterre est à revoir son système d’apprentissage, mais que les approches diffèrent: “Dans le premier cas, l’apprentissage est vu comme un dispositif d’insertion (school-to-work approach). […] Dans le second cas, l’apprentissage est considéré comme un dispositif permettant de compenser une pénurie de main-d’œuvre (skill deficit approach).” (Solar-Pelletier, 2015)
“Pourquoi préciser la différence entre les deux approches? Parce que cela affecte la façon dont les décideurs vont orienter le développement et l’évaluation de programmes d’apprentissage. [NDLR: Et, j’ajouterai, de toutes formations pratiques…] D’un côté, l’accent sera mis sur les besoins des jeunes pour faciliter leur insertion professionnelle. De l’autre, ce “sont les besoins de main-d’œuvre des entreprises qui vont affecter l’offre de formation, qui ne sera pas exclusivement ciblée vers les jeunes.” (Solar-Pelletier, 2015)
Les questions soulevées par l’article de Hart méritent également que l’on s’y attarde, puisqu’il nous apparaît que la formation universitaire est aussi entraînée vers une orientation de plus en plus “terrain” (voir à ce sujet la position d’Universités Canada et un article du Perspectives SSF de 2012 en ce sens):
“Le ministre de l’éducation François Blais souhaite que les programmes de la formation professionnelle et technique comportent dorénavant à peu près 50% du temps de formation dans les entreprises ou dans les organisations (Journal de Québec, jeudi 3 septembre). […] À 50% du temps de formation passé en entreprise, peut-on continuer à parler de stages ? Et corollaire, les programmes de la formation professionnelle et technique pourront-ils, dans un tel cas de figure, être pilotés par les établissements scolaires comme ils le sont aujourd’hui ? En fait, à la lumière de l’expérience internationale, il paraît difficile d’envisager comment les entreprises vont accepter d’assumer une aussi grande responsabilité de formation sans avoir une place sur le siège du conducteur. Si l’on souhaite aller dans ce sens, leur engagement passera par un rôle nettement plus significatif dans le partenariat école-entreprise.” (Hart, 2016)
La typologie proposée par la Commission Européenne pour distinguer entre apprentissage et stage vaut par ailleurs le détour…