Pédagogique

S’inspirer pour innover en pédagogie : une discussion à la fois.

innovation pedagogique

Juin aura été pour moi le mois de l‘innovation pédagogique ! En effet, après une participation à la journée de l’I2P sur cette thématique, j’ai quitté pour le 5e colloque international de l’Institut des compétences et de l’innovation à SciencesPo Paris sous le titre « Crossing perspectives : great transformations and pedagogy ». Ce colloque regroupait des porteurs de projets d’une dizaine d’universités américaines, anglaises, européennes et asiatiques. Parmi les présentations, trois d’entre elles m’ont particulièrement inspiré.

1. Le centre LIFE de la London School of Economics and Political Science

Helen A. Green a présenté le centre LIFE comme un espace ouvert, lumineux (voir la photo), informel, qui est situé dans la bibliothèque principale de l’établissement d’enseignement et où les personnes étudiantes peuvent simplement passer pour poser des questions, y travailler ou s’inscrire aux multiples formations. Également, il est possible pour ces personnes de prendre un rendez-vous individuel pour obtenir de l’aide par rapport à un besoin spécifique en lien avec leur programme d’études. À mon sens, ce centre constitue un bel exemple d’une conception d’environnement institutionnel réunissant une offre de service adaptée, une place aux relations informelles et un milieu convivial où les personnes ont le goût d’y être. Il représente un tiers-lieu (Université Catholique de Louvain, 2023), au sein d’une institution, qui dynamise l’expérience étudiante et participe à la création d’un sentiment d’appartenance.

2. Système d’innovation pédagogique à la NEOMA Business School

Alain Goudey, directeur du développement numérique à la NEOMA Business School, a introduit leur stratégie institutionnelle d’innovation pédagogique en référence à une approche « tester et apprendre ». Tout d’abord, le système d’innovation est fondé sur le groupe « exploration », composé de 10 personnes volontaires, qui acceptent de concevoir et de documenter l’implantation d’une innovation pédagogique. De plus, ce groupe peut compter sur l’appui de spécialistes de trois domaines : 1) numérique; 2) pédagogique; 3) infrastructure technologique (IT). Au fil des explorations, un dialogue entre les deux groupes prend forme visant à bonifier les innovations en cours d’exploration et à cibler celles qui peuvent être implantées plus largement dans l’institution. Finalement, lorsque ces innovations sont identifiées, un réseau « exploitation », d’environ 30 personnes, a pour mission de les implanter dans les différents milieux. En conclusion de son exposé, Pr. Goudey expliquait que l’adhésion institutionnelle à une approche « tester et apprendre » combinée à l’existence de ce système d’innovation, de ces mécanismes de collaboration interprofessionnel et de cette communauté d’innovateurs ont permis récemment à l’institution d’établir en trois jours des lignes directrices sur l’usage de ChatGPT.

3. Une contextualisation de la pensée d’un scientifique à l’Institut d’études politiques de Paris

Thomas Tari, responsable du Centre d’exploration des controverses, a présenté un extrait d’un cours du double diplôme « Bachelor of Arts and Sciences ». Ce cours interdisciplinaire est coenseigné par un sociologue des sciences et un géochimiste avec comme visée de réfléchir au concept « d’anthropocène ». Tout d’abord, l’exposé portait sur l’explorateur Alexander von Humboldt. Un logiciel de cartographie, Felt, servait à positionner sur une carte les productions scientifiques réalisées lors des escales d’une expédition de 5 ans (1799-1804) que l’explorateur a mené en Amérique du Sud. Pour l’exposé, la première escale comportait un schéma d’une montagne située dans la cordillère des Andes dans laquelle étaient positionnées aux différentes altitudes les plantes qui y poussaient et où les conditions d’existence étaient précisées. L’image traduisait le travail rigoureux d’un scientifique. La deuxième escale introduisait des extraits du journal de l’explorateur où il faisait état de ces observations sur l’esclavage dans cette région du monde. L’extrait servait à mettre en relief le caractère social d’un voyage scientifique. Finalement, la dernière escale traitait du lac de Valencia au Venezuela où la baisse du niveau de l’eau posait un problème pour la population locale et pour lequel l’explorateur avait proposé l’hypothèse que l’activité humaine en était l’origine. Dans sa conclusion, Thomas Tari expliquait que, par ces réflexions sur l’environnement social et naturel, le scientifique arrivait à poser des hypothèses qui traitaient de l’interaction entre les deux. La démarche scientifique de l’explorateur était ainsi marquée par ses réflexions sur cette nouvelle société qu’il explorait. Ainsi, par ce cas, il était exposé comment dans une expédition scientifique s’articulaient les dimensions sociales, voire sociologiques, aux dimensions scientifiques. Le but est d’amener les personnes étudiantes à saisir qu’il n’existe pas de frontière rigide entre la science et la société. 

De mon côté, je continue à être inspiré par ce que j’ai entendu et discuté. Et vous ? Est-ce que ces trois projets suscitent des idées pouvant bonifier vos pratiques ? 

Sources 

Site Web du Life Center à la London School of Economics and Political Science 

Université Catholique de Louvain (2023). Les Tiers-lieux. Phénomène de mode ou véritable tendance sociétale ? 

Compte-rendu de lecture : L'innovation comme science (Miguel Aubouy)
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À propos de l'auteur

Simon Bolduc

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