Il faut être professeure d’université et spécialiste pour affirmer une telle chose. C’est le cas de Françoise Cros des Universités en sciences de l’éducation de Paris V, qui explique la peur qu’a l’institution de l’innovation en raison de son caractère bricolage.
Les 4 et 5 décembre 2015 se tenait le 8e Forum des enseignants innovants. En guise de mise en appétit, voici quelques commentaires « savoureux » rapportés par
- Philippe Guillem, professeur des écoles en maternelle à Talence, souligne que contrairement à un projet de recherches scientifiques le bricoleur détermine son objet d’étude au fur et à mesure de ses bricolages.
- Monique Argoualc’h enseigne en classe relais à Brest : “on doit souvent se justifier alors qu’on souhaiterait expliquer”, regrette-t-elle.
- L’indifférence des collègues et de l’institution m’a parfois aidé, complète Philippe Guillem : elle permet paradoxalement de bricoler dans son coin…
- Pour Françoise Cros, l’innovateur dépasse des seuils, ce qui est dérangeant pour l’institution. D’où entre les deux, c’est « je t’aime moi non plus.
Lors de ce forum, on a abordé la question de la solitude des enseignants innovateurs et de la nécessité de créer des associations ou des moyens de se retrouver. Il a également été question de la diffusion : Comment diffuser l’innovation qui n’est pas un produit, mais un processus ? interroge encore Françoise Cros. Communiquer, échanger, collaborer, oui, mais pas pour en arriver à des recettes. L’innovation est un état d’esprit pour faire aimer ce qui est enseigné. L’innovation est un enjeu de valeurs, un enjeu politique. Elle est porteuse d’une forme sociale, d’une forme de citoyenneté.
La réalité des écoles est-elle la même dans les universités?
Source: Le Baut, Jean-Michel. 8ème FEI : L’innovation pédagogique : un enjeu de valeurs. Le café pédagogique. 7 décembre 2015.