Livre blanc très intéressant de la branche australienne de Ernst & Young. On y explore quatre scénarios plausibles pour l’université en 2030, soit…
- l’Université championne: une version “améliorée” de l’université actuelle que le gouvernement soutiendrait comme un secteur stratégique de l’économie (les études supérieures sont le 3e secteur le plus important de l’économie australienne). Les diplômes seraient reliés à des programmes cohérents, comme c’est le cas actuellement;
- l’Université commerciale: une université qui se serait tournée vers le secteur privé suite au désinvestissement du gouvernement et qui offrirait des programmes essentiellement professionnalisants;
- l’Université de rupture: un gouvernement qui aurait déréglementé le secteur de la formation supérieure pour favoriser la concurrence, ce qui entraînerait des modifications profondes dans les services offerts par les universités. Celles-ci se trouveraient en compétition dans plusieurs marchés, notamment celui-ci des microcertifications à la carte pour répondre aux besoins des travailleurs alors que la technologie modifierait le monde du travail.
- l’Université virtuelle: plusieurs institutions en réseau qui partagent leurs offres de cours en ligne pour former de manière flexible et asynchrone des travailleurs menacés par l’arrivée des robots dans les milieux. Le gouvernement a réorganisé le secteur pour répondre aux besoins de formation des employés.
Comme l’expliquent les auteurs du rapport: The value of these four scenarios lies in their ability to stimulate questions, “rather than the accuracy of their predictions. They will help universities to see emerging patterns, detect opportunities and threats, and test how resilient current strategies might be to new worlds”.
Des entrevues et des ateliers réalisés avec une cinquantaine de dirigeants universitaires, hauts fonctionnaires du secteur et observateurs de l’industrie ont permis de bien ancrer ces scénarios dans le réel. De même, des sondages et des groupes de discussions ont été tenus avec plus de 3000 étudiants et employeurs.
Tout ce travail a notamment permis d’identifier 5 facteurs de changement externes plutôt inéluctables sur lesquels les universitaires n’ont que peu de contrôle:
- montée de la formation tout au long de la vie (Rise of continuous learning);
- compétition internationale croissante (Increasing international competition);
- évolution des comportements numériques (Evolving digital behaviour);
- frontières plus floues entre les universités et les entreprises (Blurring industry boundaries);
- monde du travail en transformation (Changing world of work).
Les différents scénarios tentent d’incorporer l’avènement de ces cinq facteurs.
Compte tenu des scénarios les plus vraisemblables (2 et 3), la firme de consultants propose les stratégies suivantes aux gestionnaires universitaires:
- s’engager dans une double transformation pour optimiser les services offerts actuellement et en développer d’autres;
- passer d’une approche centrée sur le corps professoral à une approche centrée sur l’apprenant;
- s’intégrer avec l’industrie pour cocréer et collaborer;
- ré-imaginer le campus physique pour le monde numérique;
- expérimenter à dégrouper les programmes menant à un diplôme et la chaîne de valeur des universités.
Quoi qu’il en soit, l’exercice s’avère riche d’enseignements:
What is clear from this exercise is that profound change is imminent in the education sector. Policy makers and university leaders will need to work together to challenge the status quo and adjust the settings to ensure Australian universities are encouraged to innovate, invest and transform.
On aimerait mener une telle consultation à l’échelle de nos campus…
Source: Ernst & Young Australie, Can the universities of today lead learning for tomorrow? – The University of the Future – 2018, 36 pages