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Royaume-Uni : l’autorégulation des manquements à l’intégrité en recherche ne fonctionne pas.

C’est ce qu’a affirmé le UK Parliament’s Science and Technology Select Committee lors d’une audition le 24 octobre dernier.  Cette audition avait pour but d’examiner en détail le rapport dudit comité (publié en janvier 2017) qui faisait état de la hausse des cas d’inconduite et d’erreurs dans les publications scientifiques.  Cette hausse est troublante parce que le Royaume-Uni s’est doté en 2012 d’une convention cadre visant à préserver l’intégrité en recherche : le Concordat to Support Research Integrity).  Le concordat contient quelques obligations :

Universities must adhere to the concordat’s guidelines to receive grants from major UK funders. The concordat includes good practice, provides guidance on investigating misconduct, and calls on universities to publish annual summaries of their formal misconduct investigations.

Selon Elizageth Wager, éditrice en chef de la revue Research Integrity and Peer Review, il y a peu de preuves à l’effet que le concordat a changé la situation.  La BBC a découvert quelques chiffres : de 2011 à 2016, dans 23 des 24 universités de recherche du groupe Russell, il y a eu quelque 300 allégations d’inconduite en recherche, dont une centaine ont été jugées recevables et, de ce nombre, une trentaine ont conduit au retrait d’un article scientifique.

“Given many cases we have covered in which universities cleared their scientists of misconduct, only to later be forced to acknowledge such misconduct, it is obvious that institutions have a conflict of interest in investigating their own employees,” says the watchdog website Retraction Watch in a written submission to the committee, while acknowledging that the UK did not appear to have a higher rate of misconduct than other nations.

À la différence du Danemark (Committee on Research Misconduct) ou des États-Unis (Office of Research Integrity), le Royaume-Uni n’a pas d’organisme indépendant chargé du traitement des allégations d’inconduite en recherche.  Comme au Canada, cette responsabilité incombe aux universités. L’Australie, de son côté, a créé un organisme qui agit à titre de cour d’appel pour la contestation des résultats d’investigations effectuées par les universités.  Toujours selon Wager, le concordat aurait besoin de plus de « dents », car il n’a qu’un rôle aviseur et ne dispose d’aucun moyen de faire respecter les obligations des universités.  Ainsi, seulement 26 % d’entre elles produisent le rapport qu’elles ont accepté de soumettre annuellement.

Comme je l’avais mentionné dans une dépêche de 2012 (ici) : […] le gouvernement britannique avait rejeté à l’automne [2011] la recommandation de créer une entité indépendante pour les cas d’inconduite en recherche et ce concordat constitue sa contreproposition.

Il semble bien que ce ne soit pas suffisant.

Source: Sharma, Yojana.  UK research integrity code ineffective.  natureINDEX.com. 31 octobre 2017.  Trouvé sur le site de RetractionWatch, sous Weekend reads. 4 novembre 2017.

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Sonia Morin

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