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Les recherches bâclées plus dommageables que l’inconduite en recherche?

Traduction libre de Sloopy Science is a Larger Evil than Research Misconduct. Hervé Maisonneuve, qui a participé à la 4e Conférence internationale sur l’intégrité en recherche, a retenu cette phrase du conférencier Lex Bouter. Selon Bouter, les mauvaises pratiques en recherche (sloppy research) prennent leur source dans trois facteurs :

  • le système : pression pour publier, hypercompétition et ‘low risk – high rewards‘ ; cette balance entre le risque de n’être jamais puni et le risque de gagner beaucoup (promotion, carrière, financements,…) favorise quelques comportements déviants…
  • la culture : les modèles des séniors ne sont pas toujours bons, l’encadrement est insuffisant, absence de formation sur la RCR (Responsible Conduct of Research), et pas de direction claire !!!
  • l’individu : les mauvais comportements sont facilement justifiés, conflits d’intérêts, moralité et traits de caractère….

On est en droit de se demander où est la frontière entre une recherche bâclée et une inconduite en recherche…

Maisonneuve a également retenu d’autres présentations auxquelles il a assisté que la non-publication des travaux dits négatifs [et] la publication sélective de données étaient des pratiques peu défendables.  François Taddei, directeur du Centre de recherches interdisciplinaires, qui réagit au dossier sur les dérives de l’édition scientifique, se pose également des questions sur la non-publication des travaux négatifs:

Que les chercheurs ne travaillent pas sur la reproductibilité des recherches parce que les journaux ne publient que des recherches nouvelles, c’est normal. Mais, plutôt que de faire des TP qui sont toujours les mêmes, les enseignants pourraient inciter tous les étudiants à reproduire les résultats des articles les plus importants dans leur domaine. Ils documenteraient leurs travaux et pourraient ainsi alimenter une base de données sur la reproductibilité.

Plus largement, il faut systématiquement s’interroger sur les implications de ce que l’on fait et donc plutôt que de faire un cours sur l’éthique hors sol, faire en sorte que la réflexion éthique soit présente dans tous les enseignements. Ainsi, l’année prochaine, tous les dépôts de candidatures des étudiants du CRI devront répondre à des interrogations éthiques. Et je souhaite que tous mes doctorants consacrent au moins un chapitre de leur thèse à ces questionnements.”

Cette idée que chaque thèse comporte un chapitre sur l’éthique en lien avec les travaux de recherche doctorale constitue en soi une innovation qui pourrait contribuer à l’actuel questionnement sur ce que devrait être une thèse.

Sources –

Maisonneuve, Hervé. “Sloppy science is a larger evil than research misconduct”, un des messages de la Conférence Mondiale sur l’Intégrité de la Recherche. Rédaction médicale et scientifique. 2 juin 2015.

Lecherbonnier, Sylvie. François Taddei : “Les universités font de la recherche sur tout sauf sur elles-mêmes”. Educ.Profs.fr. 2 juin 2015.

 

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Sonia Morin

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