«On parle souvent de choc culturel lorsque des étudiants effectuent un stage d’études à l’étranger. Mais encore? Je voulais voir en quoi cela les transformait et connaître le sens qu’ils donnaient à leur expérience. L’analyse de leurs récits m’a fait comprendre qu’un stage représentait une formidable occasion de prendre conscience de soi et des autres.»
Brigitte Martin résume ainsi sa thèse de doctorat en anthropologie. Agente de recherche et de planification au Bureau international de l’Université Laval, elle était déjà en terrain connu, ayant elle-même aidé à y développer le programme étudiant de mobilité internationale en 2000. À partir d’une enquête ethnologique menée auprès de plus de 50 étudiants provenant de diverses facultés, elle a identifié trois types d’étudiants : « l’ingénu », « le maëlstromiste » et « le cosmopolite ».
L’ingénu
Il n’a pas ou peu d’expérience de voyage à l’étranger, explique Brigitte Martin. C’est un étudiant plus compétitif que la moyenne et il considère que ce stage représente une plus-value pour son curriculum vitae. D’ailleurs, son choix de carrière est souvent fait en fonction d’une profession valorisée socialement: médecin, avocat, ingénieur, gestionnaire, etc.
Le maëlstromiste
Il acquiert très tôt la curiosité de voyager, souvent grâce aux récits de voyage émanant d’une personne importante pour lui. Parlant une deuxième langue, voire une troisième, son domaine d’études (relations internationales, géographie, etc.) témoigne de sa passion pour l’étranger.
Le cosmopolite
Il est individu un peu marginal, dont l’un ou les deux parents sont souvent d’origine étrangère. Très à l’aise avec les différents codes culturels, trouvant dans la culture locale une réponse à ses questions existentielles aussi bien que celles liées à son domaine d’étude (science politique, arts, sociologie, anthropologie, etc.), le cosmopolite est en quelque sorte un citoyen du monde.
Toutes ces considérations amènent Brigitte Martin à conclure que les trois catégories d’étudiants trouveront leur compte au cours du voyage : renouvellement des valeurs, renforcement de la confiance en soi, développement de l’intérêt pour sa propre culture et celle de l’autre, tolérance, ouverture, sentiment accru de faire partie du monde. Sans compter, évidemment, l’enrichissement des connaissances dans son domaine de formation.
Source :
Renée Larochelle, L’éveil, Le Fil, Volume 51, numéro 27, 19 mai 2016.