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Rapport d’animation : Atelier sur les méthodes pédagogiques pour un avenir durable

Le congrès de l’Association internationale de pédagogie universitaire (AIPU) était certainement l’endroit désigné pour parler de pédagogie autour de la question du développement durable. Mieux que d’en parler, nous avons eu l’opportunité de tester, dans une formule Co-lab, un atelier auprès d’une douzaine de personnes professionnelles en enseignement supérieur, toutes animées par la question de l’intégration du développement durable dans la formation.

Notre Co-lab du vendredi 31 mai 2024 à l’Université Bishop’s s’est déroulé en une série de trois activités réparties sur deux heures. À l’animation de ces activités, il y avait Jean-François Comeau (Directeur du projet d’intégration du développement durable dans la formation à l’Université de Sherbrooke), Tony Leroux (Vice-recteur adjoint à la promotion de la qualité à l’Université de Montréal) et moi-même (conseillère pédagogique en développement durable à l’Université de Sherbrooke).

L’entrée en matière

D’abord, une entrée en matière a consisté à faire connaissance, toutes et tous, autour d’enjeux institutionnels liés au développement durable : est-ce une priorité dans votre institution ? Les personnes étudiantes le réclament-elles ? Votre institution est-elle proactive au niveau de la formation ? Ce moment d’échanges décontracté a permis d’identifier la provenance géographique des personnes participantes, leur rôle professionnel, ainsi que les (beaux) états d’âme vis-à-vis de la question du développement durable dans nos institutions d’enseignement supérieur respectifs. Ensuite, nous avons consacré le temps restant à l’atelier proprement dit, qui se décline en trois activités.

L’activité 1 : les cadres théoriques

Objectif de cette activité : en équipe, prenez connaissance des différents cadres théoriques et en choisir un qui représente l’équipe en termes de valeurs et de vision véhiculées.

La première activité a consisté à échanger autour de la question du vocabulaire, des courants et des visions liés au développement durable. Tantôt transition(s) (socio)écologique, tantôt soutenabilité ou même durabilité…il y a de quoi s’y perdre pour les néophytes entre les nuances, les sous-entendus, les non-dits, etc. derrière les mots employés. Pourtant, malgré les différences dans les terminologies, celles-ci convergent, car elles visent après tout la mise sur pied d’un monde viable pour les espèces et la protection de la planète. Pour ne pas se perdre dans les termes, un travail d’appropriation est à faire afin de saisir le sens global, de peser les impacts de la vision, et ultimement, faire un choix.

Ainsi, quelques cadres théoriques ont été choisis et organisés dans du matériel qui fut distribué aux personnes participantes regroupées en équipe. Après délibérations, une discussion s’en est suivie.

Ce qu’il faut retenir : en tant que personnes professionnelles en posture de conseil pédagogique, notre mandat est d’outiller les équipes programmes et les personnes enseignantes sur la variété de cadres théoriques en développement durable qui existe. Ensuite, nous les avons accompagné dans la compréhension et l’appropriation de ces cadres théoriques pour que ceux-ci soient bien intégrés par la suite dans les différents volets des programmes d’études.

L’activité 2 : les compétences à développer

Source : Support Powerpoint de l’atelier

Objectif de cette activité : en équipe, prenez connaissance des compétences transversales essentielles en matière de développement durable et répondez aux deux questions de votre équipe.

Lors de la 2e activité, il fut question des compétences à développer en matière de développement durable. Là encore, il existe plusieurs modèles et cadre de références de compétences transversales à développer, qui peuvent être liés à une certaine vision du développement durable (voir cet article). À-ce stade, la complexité se situe dans la place et l’importance réelles qui vont être accordées à ces compétences transversales quand vient le moment de les intégrer concrètement dans les programmes d’études. Les défis souvent soulevés concernent le fait que le programme est déjà implanté et enseigné depuis plusieurs années : difficulté non négligeable car il faut convaincre une équipe déjà à l’aise dans ses pratiques et parfois dans une approche strictement monodisciplinaire. Ou encore le programme d’études est déjà bien chargé en termes de contenus, l’équipe programme hésite à diversifier les méthodes pédagogiques, etc.

Ainsi, les personnes participantes, toujours regroupées en équipe, ont pris connaissance d’un modèle de compétences en développement durable et ont été invitées à répondre à quelques questions de réflexion à partir de ce modèle. Des échanges en plénière ont fait suite aux échanges en petits groupes.

Ce qu’il faut retenir : en tant que conseillères et conseillers pédagogiques qui intervenons dans les programmes d’études, nous devons réfléchir aux rôles que ceux-ci peuvent jouer dans la formation de personnes professionnelles habiles et aptes à appréhender les défis de développement durable et de transition socioécologique, présents comme futurs.  Il convient également de nous demander si l’on considère qu’en 2024, former aux enjeux de développement durable est un luxe que certains programmes peuvent se permettre et d’autres non, alors que nous sommes toutes et tous concernés.

L’activité 3 : les stratégies d’intégration

Source : Support Powerpoint de l’activité

Objectif de cette activité : en équipe, prenez connaissance de votre mise en situation et échangez autour des questions que celle-ci soulève.

Bien que le niveau d’intégration du développement durable dans la formation soit variable d’une institution d’enseignement supérieur à une autre, dans les discours officiels cependant, le sujet semble faire consensus : les institutions d’enseignement supérieur reconnaissent leur rôle dans la formation de personnes professionnelles et citoyennes capables de participer activement à la transition socioécologique et à la réalisation du développement durable. La bonne volonté, néanmoins, ne met pas à l’abri des erreurs, des fausses bonnes idées, des  angles morts et des effets rebonds qui sont monnaie courante en matière de développement durable. Au sein de nos institutions, une grande réflexion est alors à avoir concernant les stratégies à mettre en place, les parties prenantes impliquées, ainsi que les moyens dont on se dote pour atteindre nos objectifs.

À cette fin, chacune des trois équipes a étudié une mise en situation différente. Les trois mises en situation soulevaient des défis différents liés aux stratégies mises en place pour intégrer le développement durable dans les activités de formation.  Après les discussions en petits groupes, les équipes ont été invitées à partager en grand groupe les éléments de réflexion soulevés par leur mise en situation.

Ce qu’il faut retenir : intégrer le développement durable dans la formation passe par un ensemble de stratégies déployées dans l’ensemble de l’institution. Autant les personnes professionnelles que les personnes enseignantes, les différentes directions et les personnes étudiantes ont un rôle à jouer.

Le mot de la fin

Nous avons organisé la conclusion de l’atelier en deux moments. Le premier consistait à faire un retour sur expérience et le second à identifier le prochain pas pour faire progresser l’intégration du développement durable dans son institution d’enseignement. En fin de compte, ces deux étapes se rejoignaient pour les personnes participantes : elles avaient beaucoup apprécié la richesse des interactions et souhaitaient organiser, à leur tour, l’atelier dans leurs institutions respectives. Il me fit plaisir de partager avec elles le matériel conçu, entièrement disponible sous licence libre CC-BY. Plus largement, les personnes participantes ont également manifesté l’intérêt de poursuivre ces réflexions à travers un collectif d’établissements d’enseignement supérieur québécois (jusque-là) qui se réunit périodiquement pour discuter des enjeux liés à l’intégration du développement durable dans la formation.

Notre appréciation de l’activité

Pour une première expérience à l’AIPU, notre équipe d’animation ressort pleinement satisfaite, car, le Co-lab a trouvé un écho favorable chez les personnes participantes. Nous espérons avoir l’opportunité de reprendre la formule à d’autres occasions.

 

Pour citer ce document : Soukpa, M.-S. (Juin 2024). Rapport d’animation : Atelier sur les méthodes pédagogiques pour un avenir durable. Service de soutien à la formation, Université de Sherbrooke. Sous licence CC BY.

 

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À propos de l'auteur

Marie-Sara Soukpa

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