Les universités souhaitent recruter et, de fait, recrutent de plus en plus d’étudiants internationaux. En effet, selon Statistiques Canada, le pourcentage d’étudiants internationaux inscrits dans des universités canadiennes est passé ce 4% (en 1992) à 8% (en 2008), ce qui se traduit par 87 798 personnes.
Selon la CREPUQ, [l]es données montrent que l’on compte à l’automne 2010, 25 877 étudiants étrangers inscrits dans les universités québécoises, soit une augmentation de 5,4 % comparativement à l’automne 2009. Les hausses sont de 3,4 % au 1er cycle et elles sont encore plus marquées au 2e (7,3 %) et au 3e (12,4 %) cycle. Toutefois, la part des étudiants étrangers dans l’ensemble de la population étudiante est demeurée plutôt stable par rapport à l’an dernier, soit un peu plus de 9,0 %.
Selon un article de Pascale Breton dans La Presse du 6 septembre 2011, il y a eu une augmentation de 161% des étudiants chinois entre 2001 et 2009.
Par ailleurs, toujours selon Breton, à McGill, 20% des étudiants proviennent de l’extérieur de Canada et à Concordia, le nombre d’étudiants internationaux a fait un bond de 93% entre 2001 et 2009.
Toutes ces données se veulent une entrée au sujet principal de cette dépêche : le plagiat et les étudiants internationaux. Le Globe and Mail du 2 septembre 2011 publiait « Why many international students get a failing grade in academic integrity ». Les auteurs y sont allés tout en douceur pour aborder la délicate question du plagiat et de la diversité culturelle. Bien que la majorité des universités canadiennes ne tiennent pas de registres des cas de plagiat par pays d’origine des étudiants, l’impression qu’il y a plus de plagiat parmi les étudiants étrangers est forte au sein des intervenants en la matière. L’Université de Windsor, elle, dispose de données pour infirmer cette impression, car elle a commencé a garder des traces détaillées des cas de plagiat. Ainsi, dans le rapport sur l’intégrité académique 2008-2009, la proportion d’étudiants accusés de manque d’intégrité académique (regroupant le plagiat) était de 1/82 pour les étudiants internationaux et de 1/300 pour les étudiants canadiens.
Les raisons invoquées pour expliquer cette situation sont multiples :
- des approches pédagogiques radicalement différentes :
- En Inde, plus on reproduit les mots exacts des professeurs et meilleures sont les chances d’obtenir des A. Dans les pays asiatiques, ne pas réutiliser pas la formulation du professeur équivaut à le critiquer. D’ailleurs, les étudiants provenant des pays asiatiques sont déconcertés, stupéfaits, voire en état de choc et d’incompréhension devant l’emphase mise sur l’esprit critique et sur l’obligation de citer ses sources.
- des attentes de réussite très fortes de la part de la famille qui s’est parfois saignée à blanc pour envoyer son enfant étudier à l’étranger ;
- un manque de confiance dans sa maîtrise de l’anglais pour structurer sa pensée et la rédiger et, conséquemment, une grande difficulté à paraphraser ;
- un manque de compréhension ou d’attention à ce qui est permis et interdit.
Il existe des solutions possibles mais elles sont délicates, car il y a toujours de possibles dérapages liés à la discrimination.
Source :
Bradshaw, James et Baluja, Tamara, « Why many international students get a failing grade in academic integrity », Globe and Mail, 2 septembre 2011.
Très informatif et bien nuancé. Merci 🙂
Une petite chose qui me chicotte : les données de l’U de Windsor ne vont-elles pas plutôt dans le sens de confirmer l’impression?
Éric