Le Comité science et technologie de la Chambre des communes du gouvernement britannique a publié en juillet 2011 un rapport sur l’évaluation par les pairs dans les publications scientifiques. Le rapport est volumineux (254 pour le premier volume et 181 pour le second) mais quelques coups d’œil rapides laissent entrevoir que sa lecture pourrait être à la fois enrichissante et distrayante et ce, en raison même de sa facture.
Certaines des recommandations du rapport concernent l’intégrité en recherche et la nécessité pour le gouvernement britannique de se donner des moyens solides d’assurance d’intégrité en recherche comme, par exemple, la création d’une entité indépendante pour « superviser » (oversee) le traitement des cas d’allégations d’inconduite en recherche :
23. Oversight of research integrity in the UK is in need of revision. The current situation is unsatisfactory. We are concerned that the UK does not seem to have an oversight body for research integrity [NDLR : C’est moi qui souligne.] that provides “advice and support to research employers and assurance to research funders”, across all disciplines. The UK Research Integrity Futures Working Group report made sensible recommendations about the way forward for research integrity in the UK. Research Councils UK, Universities UK and the Government should revisit these recommendations and reassess how they can best be implemented. (Paragraph 262)
24. Employers must take responsibility for the integrity of their employees’ research. However, we question who would oversee the employer and make sure that they are doing the right thing. In the same way that there is an external regulator overseeing health and safety, we consider that there should be an external regulator overseeing research integrity. We recommend that the Government set out proposals on the scope and powers of such a regulator and consult with the research community and other relevant parties to develop them. (Paragraph 271)
25. We also recommend that all UK research institutions have a specific member of staff leading on research integrity. Such a person would be a first point of call in case of an ethical breach. Where an investigation subsequently takes place within a research institution, it is essential that the outcome be published. (Paragraph 272)
26. We recommend that the Research Councils, and other funders of research, reassess the robustness of their procedures for dealing with allegations of research fraud or misconduct, to ensure that they are not falling through the cracks. (Paragraph 276)
NDLR : Le paragraphe 276 se lit comme suit. – Considering the evidence published on the frequency of research and publication misconduct amongst researchers in the USA, we would have expected a similar proportion of researchers to be engaged in these misbehaviours in the UK. We are therefore surprised that there have been no cases where funding has been withdrawn on the grounds of fraud or misconduct in research funded by Research Councils in the UK.
Les États-Unis et l’Australie possèdent déjà ce type d’entité indépendante à laquelle peuvent s’adresser les gens qui désirent que le traitement apporté par une institution universitaire ou une agence gouvernementale de financement à des allégations d’inconduite dans les recherches soutenues par des fonds publics soit « revu »:
- Office of Research Integrity (ORI) (É-U)
- Australian Research Integrity Committee (ARIC) (AU) (Communiqué gouvernemental annonçant la création de cette entité)
Trois mois après la publication du rapport , le gouvernement britannique a finalement répondu non à la recommandation du Comité science et technologie de la Chambre des communes de créer un organisme indépendant pour « superviser » le traitement des cas d’allégations d’inconduite en recherche. Arguant qu’il existe déjà suffisamment de mécanismes, il préfère la signature par les institutions de recherche d’une « convention » sur l’engagement à l’intégrité en recherche, convention qui verra le jour en novembre 2011.
La position du gouvernement britannique ressemble beaucoup à celle du gouvernement canadien et de ses trois conseils de recherche (CRSNG, CRSH et IRSC) avec leur projet de cadre de référence sur l’intégrité en recherche et dans les travaux d’érudition, attendu lui aussi avant la fin de l’année 2011.
Sources :
Jump, Paul, «Calls for research integrity watchdog dismissed », Times Higher Education, 18 octobre 2011.
Science and Technology Select Committee, House of Commons (UK), « Peer review in scientific publications », Eight Report of Session 2010-12. Volume I: Report, together with formal minutes, oral and written evidence (Additional written evidence is contained in Volume II), 18 juillet 2011.
Le gouvernement canadien vient d’annoncer ( 5 décembre 2011) la création d’un Groupe de travail sur la conduite responsable de la recherche (GCRR) qui sera chargé, entre autres choses, d’étudier “les allégations de violation des politiques des trois organismes en examinant les rapports d’investigation des établissements; recommande un recours, le cas échéant, conformément au Cadre de référence; conseille les organismes en ce qui a trait aux questions se rapportant à la conduite responsable de la recherche; et conseille les organismes sur les modifications à apporter au Cadre de référence.”