Dans sa dépêche du 19 novembre 2021, Hervé Maisonneuve fait état de la dernière arnaque des éditeurs prédateurs : pirater et rebaptiser des articles scientifiques. Il s’appuie sur une partie d’un excellent article de Nature paru en octobre 2021.
Rappelons quelques comportements caractérisant des revues prédatrices :
- elles chargent des frais pour des services qu’elles ne donnent pas (l’archivage, l’Indexation, le contrôle de la qualité, par ex.);
- elles ont des comités éditoriaux et des facteurs d’impact bidon;
- leurs comités de pairs sont à peu près inexistants.
- Comme leur repérage demeure difficile, elles représentent une réelle menace pour la diffusion de résultats de recherche fiables et valides qui contribuent à l’avancement des connaissances et à la confiance de la population en général dans les recherches publiées.
Les auteurs de l’article dans Nature rapportent qu’ils ont créé une base de données des éditeurs qui ne sont pas indexées dans des bases de données reconnues (comme Web Science et Scorpus). À ce jour, leur base de données, dénommée Lacuna, comprend plus de 900 000 articles en provenance de 2300 revues publiées par une dizaines d’éditeurs (Scientific Research, Medcrave, Sciencepg, Omics, Academic Journal, Mdpi, Austin, Frontiers, Hindawi et Serials). Des études menées dans Lacuna ont mis à jour une arnaque insoupçonnée jusqu’à maintenant : le piratage d’articles publiés dans des revues savantes légitimes et le changement de leur titre.
Indexing for our Lacuna database uncovered another alarming practice: re-publishing bootlegged copies of papers from legitimate sources, under new DOIs, without crediting the original journal, and sometimes not the original author. A researcher perusing what seem to be ‘back issues’ sees real peer-reviewed articles copied from legitimate journals.
Maisonneuve donne l’exemple de la revue Bone Research and Reports (iMedPub LTD) qui a repris 9 articles d’une revue légitime de Elsevier (Bone Reports) avec quelques modifications mineures pour tromper.
Pour venir à bout de l’Hydre, comme les auteurs appellent l’édition prédatrice, ils recommandent de l’affamer. Voici quatre moyens qu’ils suggèrent de mettre de l’avant pour ce faire.
- Rendre obligatoire une certaine forme d’évaluation ouverte par les pairs va de pair avec d’autres initiatives visant à améliorer la science par le partage des données. L’ouverture de la “boîte noire” démystifierait le processus et fournirait de nouvelles informations. Le partage en ligne des évaluations par les pairs en aveugle – ou du moins de manière confidentielle avec les parties prenantes – permettrait aux bailleurs de fonds, aux chercheurs, aux bibliothécaires et aux institutions d’identifier les escroqueries et d’encourager les bonnes pratiques dans les revues légitimes. [notre emphase]
- Établir des règles de transparence (examen ouvert par les pairs, adhésion aux principes de l’accès libre et équitable, explications sur la manière dont les frais de publication sont dépensés) et ne payer les frais de publication qu’après avoir vérifié que l’éditeur a adhéré à ces règles.
- Soutenir les revues émergentes de bonne foi en instituant de nouveaux critères de légitimité pour empêcher les revues émergentes bien intentionnées d’être classées comme prédatrices.
- Ne pas récompenser les articles publiés dans des revues prédatrices. [nos emphases]
(texte traduit en partie par Deepl, puis ajusté)
Sources
Maisonneuve, Hervé. La dernière arnaque des éditeurs prédateurs : les articles piratés et rebaptisés. Rédaction médicale et scientifique (blogue). 19 novembre 2021.
Siler, Kyle; Vincent-Lamarre, Philippe; Sugimoto, Cassidy R. et Larivière, Vincent. Predatory publishers’ latest scam: bootlegged and rebranded papers. Nature. 26 octobre 2021.