Pédagogique

Et si un des effets de la pandémie était une plus grande sensibilité à l’apprentissage en profondeur?

Le National Institute of Learning Outcomes Assessment (NILOA) a mené un court sondage en juin dernier pour connaître les changements qui ont été faits aux modalités d’évaluation à la suite du passage en catastrophe au printemps dernier de l’enseignement en présence à l’enseignement à distance.  NILOA a produit en août 2020 un rapport sur son analyse des réponses des 813 répondants, provenant majoritairement des États-Unis.

Les questions du sondage ont porté sur les changements apportés, sur les impacts potentiels de ces changements sur la culture d’évaluation et sur le rôle que la voix des élèves et les préoccupations en matière d’équité ont joué dans les décisions.

Partie I – Faits saillants du sondage

Changements apportés

  • 97 % des répondants ont apporté des changements à leurs modalités d’évaluation au cours du printemps 2020 en réponse à la COVID-19.
  • Parmi les changements fréquemment apportés, les répondants ont mentionné des modifications aux devoirs et aux évaluations, de la flexibilité dans les dates de remise des devoirs, le passage à la notation réussite/échec et la modification des dates limites pour la remise de notes.
  • Parmi les changements moins fréquents, on trouve l’acceptation de formes alternatives de devoirs, des modification au processus de correction, des  modifications aux évaluations de cours, le passage de cours crédités à des cours non crédités, ainsi que des modifications aux rôles et responsabilités en matière d’évaluation.
  • La majorité des établissements ont effectué entre 3 et 4 changements.

Préoccupations soulevées

  • 75% des répondants ont l’impression que les changements apportés n’auront pas d’impact négatif sur la culture d’évaluation de leur institution.
  • 25 % de personnes interrogées craignent une augmentation de leur charge de travail, un accroissement de la distance entre l’évaluation et le tandem enseignement/apprentissage et elles se questionnent sur la précision des outils d’évaluation à distance.

Comment les décisions ont été prises

  • Les répondants ont tous dit que les changements liés à l’évaluation avaient été entrepris pour répondre aux besoins des étudiants.
  • Les préoccupations concernant l’accès différencié des étudiants à la technologie, ainsi que les préoccupations concernant la capacité des étudiants à apprendre à distance ont été des facteurs déterminants dans les décisions concernant les changements à apporter.
  • Les répondants ont également dit, mais en moins grand nombre, que les préoccupations en matière d’équité avaient joué un rôle dans les décisions.
  • Toutefois, les informations recueillies auprès des étudiants semblent avoir eu moins d’influence sur ce qu’il fallait changer, et les étudiants semblent ne pas avoir été invités autant qu’ils auraient pu l’être à préciser leurs besoins avant que les décisions ne soient prises.

Changements à maintenir en soutien à l’apprentissage

Les répondants ont identifié cinq zones où les changements devraient se poursuivre au-delà du printemps 2020 :

  1. la flexibilité,
  2. l’empathie et l’utilisation de la voix des étudiants,
  3. le recours à des modalités d’évaluation alternatives,
  4. la remédiation aux inégalité,
  5. la planification de l’avenir.

Besoins de perfectionnement pédagogique

42 % des répondants ont déclaré que leurs besoins en matière de perfectionnement pédagogique au printemps et à l’été avaient été comblés.  Ils ont toutefois indiqué qu’ils aimeraient continuer à se perfectionner sur les sujets suivants :     

  • modalités d’évaluation alternatives (exemples),
  • évaluation en ligne (meilleures pratiques),
  • évaluation des services aux étudiants en mode à distance,
  • évaluation qualitative (soutien et exemples).

Partie III – Recommandations pour l’avenir

Le rapport dresse une liste de recommandations sous forme de choses à faire et de choses à ne pas faire pour la suite du monde. 

À faire

  • Être conscient des iniquités systémiques et y remédier
  • Utiliser les acquis d’apprentissage comme guide pour concevoir et cibler les offres de formation
  • Faire preuve de flexibilité dans les devoirs et les modalités d’évaluation, notamment en utilisant une faible largeur de bande passante et en se basant sur les principes de l’évaluation équitable
  • Écouter la voix des étudiants ET réagir en conséquence
  • Consulter les étudiants pour trouver des solutions
  • S’engager dans une pédagogie et une évaluation qui tiennent compte des traumatismes et qui se centrent sur le mieux-être

À ne pas faire

  • Oublier que nous sommes toujours en pandémie, une pandémie inéquitable
  • Oublier que la formation à distance actuelle
    • n’est pas une expérience de formation que les étudiants ont choisie
    • n’est pas une expérience de formation à distance dans les règles de l’art
    • se poursuivra à l’automne en gardant son caractère d’urgence
  • Causer de nouveaux préjudices en soutenant, permettant ou approuvant des politiques qui créent de nouvelles inégalités ou qui alimentent les perceptions négatives des étudiants
  • Demander aux étudiants d’approuver des décisions déjà prises
  • Exiger un niveau de preuve d’apprentissage plus élevé pour un cours un ligne que pour une cours en présentiel

J’ai lu ce rapport avec ma préoccupation qui lie la tricherie aux modalités d’évaluation et à l’apprentissage en profondeur  Voici deux extraits qui ont retenu mon attention – la mise en emphase par le gras est mienne.

Précision des mesures de l’apprentissage.

L’attention des étudiants ayant été attirée dans diverses directions, les répondants ont exprimé des inquiétudes quant à la compromission des données, à la tricherie ou à la falsification du travail des étudiants et à l’exactitude des représentations de l’apprentissage à partir du printemps 2020. D’autres ont soulevé des préoccupations concernant les questions d’équité dans la démonstration des apprentissages et le manque de souplesse du corps enseignant face à des mesures réactives et différentes. Une personne interrogée a écrit : “avant même que les étudiants ne se connectent à distance la première fois, les professeures et professeurs pensaient déjà que les normes académiques avaient été abaissées et au lieu de modifier leur façon d’évaluer les apprentissages de leurs étudiants, ils sont revenus à des moyens plus traditionnels d’évaluer, de surveiller et de réduire les perceptions de tricherie au lieu de modifier l’évaluation pour refléter la réalité”. D’autres ont déploré que la seule fois où ils ont été contactés par le corps enseignant, ce fut pour obtenir des informations sur la prévention de la tricherie et/ou des informations sur la façon de mettre en place des évaluations à choix multiples et à achèvement automatique.  Un autre répondant a déclaré : “plutôt que des projets sommatifs ou des stages qui permettent de mieux évaluer l’apprentissage basé sur les compétences – c’est comme si le corps enseignant avait oublié tout ce qu’il savait sur l’évaluation significative”. (p. 12)

Mesures alternatives

Parallèlement à une plus grande flexibilité et à une nouvelle appréciation et une nouvelle compréhension de l’expérience de l’étudiant, on a vu apparaître l’utilisation de mesures alternatives de l’apprentissage de l’étudiant, y compris un recours accru à la réflexion et une moindre dépendance aux examens. Bien que l’accent ait davantage été mis sur l’apprentissage dans un environnement multimodal, on a noté un désir de se tenir à l’écart de la surveillance et d’adopter plutôt des formes authentiques d’évaluation, en offrant aux étudiants des options pour démontrer au mieux leurs apprentissages. On a constaté un net recul des “examens de mémorisation” au profit d’évaluations de réflexion de niveau supérieur, les enseignants indiquant qu’ils apprécient davantage les nouveaux travaux et les informations qu’ils obtiennent sur les étudiants et leur apprentissage. De plus, en se concentrant sur les acquis d’apprentissage essentiels d’un cours, les professeurs ont mieux compris le rôle de l’évaluation dans la conception du cours et se sont montrés plus ouverts à l’idée de permettre aux étudiants de choisir le format du devoir qu’ils voulaient soumettre, qu’il s’agisse de créer un podcast, de rédiger un article ou de mener une enquête. L’évaluation des affaires étudiantes a permis de constater que l’on s’éloignait des grandes enquêtes pour se tourner vers des “enquêtes au point de contact et l’exploitation des données existantes”. (p. 17)

Ce dernier paragraphe tiré du rapport NILOA fait écho à une rubrique Avec classe de ma collègue Maryse Beaulieu, notamment à la section intitulée Comment évaluer en délaissant le si populaire examen?

NOTE – Le texte de la présente dépêche provient en grande partie d’une traduction par le traducticiel Deepl, qui a été par la suite ajustée.

Source

Jankowski, Natasha A.  Assessment During a Crisis : Responding to a Global PandemicNational Institute of Learning Outcomes Assessment (NILOA).  20 août 2020.

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Sonia Morin

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