C’est un changement de culture scientifique auquel convie les NHI (National Health Institutes), le pendant américain des IRSC (Instituts de recherches en santé du Canada).
Que le directeur des NIH, Francis Collins, le dise haut et fort témoigne de la gravité de la situation. Il en va de la confiance dans les recherches des sciences biomédicales. Il en va des risques pour la population lorsque vient le temps de faire des essais sur l’humain. Il en va de l’intégrité en recherche. Il en va de toute une culture basée sur des incitatifs aux effets pervers, dont ceux qui suivent.
- Les chercheurs se jugent les uns les autres sur leurs listes de publications et non sur la qualité de leurs recherches; la faute en étant une de manque de temps pour tout lire!
- Des revues scientifiques prestigieuses aiment publier des résultats éblouissants et font parfois preuve d’un manque de vigilance quant à la reproductibilité des résultats.
- Les organismes subventionnaires accordent des fonds aux chercheurs qui ont des publications nombreuses dans des revues scientifiques prestigieuses.
- Les universités accordant de la reconnaissance aux chercheurs qui ont des publications nombreuses dans des revues scientifiques prestigieuses et qui ont obtenu des fonds des organismes subventionnaires.
- Les étudiants aux études supérieures reçoivent une formation minimale sur la méthodologie expérimentale et sont convaincus que le mode de reconnaissance actuel a toujours été et sera toujours.
On le sent bien, il y a un cercle vicieux dans le système de reconnaissance actuel.
Pour endiguer la dérive, les NIH mettent de l’avant 5 changements :
- refonte de la manière dont les demandes de fonds sont évaluées, notamment en exigeant plus d’informations sur la méthodologie, incluant la validation de résultats antérieurs sur lesquels elle s’appuie;
ALS researchers, seeking a cure for Lou Gehrig’s disease, went back and reproduced studies on more than 70 promising drugs. They found no real effects. “Zero of those were replicable,” Dr. Collins said. “Zero. And a couple of them had already moved into human clinical trials, which is like — oh, man. You’ve started maybe even putting people at risk for exposure to a compound for which there is really no compelling data that it was going to help. This can’t be.”
- financement de nouveaux programmes visant à inculquer aux étudiants de 1re année aux études supérieures les rudiments de la méthodologie expérimentale;
Currently, the experimental rigor of a graduate student’s education is up to the lab where he or she resides, and few universities teach experimental design. It’s an apprenticeship, yet often the master of the shop is sequestered, filing grant applications.
- pression sur les revues scientifiques pour qu’elles relèvent leurs standards d’évaluation des articles soumis;
More than 100 journals have agreed to elevated principles, many of which stem from the neurology institute’s recommendations. Most of the journals are instituting checklists that will require submissions to run down and justify the decisions made in designing the study.
- amélioration des demandes de précision sur le matériel de laboratoire et l’exigence d’une utilisation équilibrée des animaux mâles et femelles dans les expérimentations;
The institutes are also exploring better ways of identifying materials used in the lab: cell lines, antibodies, specialty chemicals. By some estimates, up to 30 percent of cell lines are mistakenly labeled. “They get passed around from lab to lab,” Dr. Collins said. “There’s a little mix-up in someone’s incubator, and then, 10 years later, somebody’s been working on this cell line and it turns out it isn’t what they thought it was at all.”
- expérimentation de nouvelles façons de soutenir financièrement la recherche.
Knowing that the unstable environment can drive researchers to cut corners or oversell work, the agency has tried systems that finance individual investigators, rather than projects. That may allow more time for careful science, not grantsmanship.
Arturo Casadevall, professeur au Albert Einstein College of Medicine de la Yeshiva University, craint que la majorité des chercheurs s’opposeront à cette réforme parce que les “[s]cientists themselves are playing this game because once they succeed, the rewards are so great they basically force everyone to do it.” Selon lui, le problème est culturel et la réforme des NIH reposent sur des changements procéduraux.
Un changement de culture s’impose mais qu’est-ce qui provoquera le bris du cercle vicieux? Quel en sera le prix?
Source: Voosen, Paul. Amid a Sea of False Findings, the NIH Tries Reform. The Chronicle of Higher Education. March 16, 2015. [accessible aux abonnnés]