Alors que plusieurs clamaient haut et fort au milieu des années 1990 que les universités et collèges traditionnels ne survivraient pas dans leur structure actuelle à l’avènement de l’enseignement à distance, près de vingt ans plus tard, il appert que le raz-de-marée anticipé ait été moins torrentiel qu’on ne l’avait imaginé.
C’est ce que tend à démontrer le professeur William R. Doyle, de l’Université de Vanderbilt, dans un article très intéressant du magazine Change, où il fait parler les chiffres à propos des retombées relatives de l’éducation en ligne.
Si pour les plus pessimistes l’arrivée des cours en ligne allait sonner le glas des campus physiques, les étudiantes et les étudiants pouvant dès lors décider où et quand suivre leurs propres cours, il en a été tout autrement. La formation en ligne s’est plutôt révélée complémentaire, pour près de 70 % des étudiantes et des étudiants, à l’offre traditionnelle de cours en classe. Celles et ceux qui ont recours exclusivement à l’enseignement en ligne totalisent environ 30 %.
Il semble que les prédictions aient également été déjouées en ce qui a trait au profil type des étudiantes et des étudiants bénéficiant de l’enseignement à distance. On les imaginait par exemple très différentes et différents de leurs confrères et consœurs présents sur les campus, notamment sur le plan de leur origine, de leur proximité géographique par rapport au lieu d’enseignement et de leurs revenus. Or le profil de ces étudiantes et étudiants demeure sensiblement le même que celui observé en salle de classe traditionnelle. L’éducation à distance semblerait toutefois davantage convenir à des gens légèrement plus âgés (29 ans en moyenne, comparativement à 26) et de sexe féminin (63 % de la clientèle en ligne).
L’on croyait par ailleurs que les étudiantes et étudiants habitant loin des établissements d’enseignement seraient plus enclins à opter pour la formation en ligne. Or il appert que la distance moyenne entre l’institution et le lieu de résidence des étudiantes et des étudiants, autant pour l’enseignement en ligne que traditionnel, soit de 25 km. Pour 75 % de celles et ceux étudiant en ligne, l’établissement d’enseignement se situerait à moins de 65 km de leur demeure.
En conclusion, le professeur Doyle reconnaît bien que la formation à distance constitue une importante contribution à l’enseignement traditionnel en classe, mais de la révolution annoncée, il y a loin de la coupe aux lèvres.
Source : Doyle, W. “Online Education : The Revolution that wasn’t.”, Change, mai-juin 2009.