Le 18 avril dernier, j’ai assisté à un panel virtuel organisé par The Chronicle of Higher Education. Les invitées, Dr. Daisy Verduzco Reyes (University of California), Dr. Susan Cheng (Georgetown University School of Medicine) et Dr. Angela Coleman (North Carolina Central University), ont discuté du “hidden curriculum” (curriculum caché) et de différentes stratégies pour aider les personnes étudiantes à décoder ce curriculum caché.
Qu’est-ce que le curriculum caché? Cette expression fait référence au curriculum informel, soit les apprentissages passés sous silence, mais essentiels à la réussite universitaire, qui ne sont pas explicitement décrits dans les programmes officiels.
Dans le cadre de ce panel, les invitées ont fait état de différents problèmes inhérents au curriculum caché, notamment pour les personnes étudiantes universitaires de première génération, les personnes faisant partie de groupes marginalisés et les personnes étudiantes de l’international. Souvent, ces personnes se sont pas à l’aise d’approcher le personnel enseignant, ne sachant pas comment s’y prendre, ou même s’il est approprié de le faire. De plus, elles pourraient rapidement être dépassées par la soupe alphabet des acronymes et du jargon universitaire et se perdre dans le labyrinthe que représente les différents services et bureaux facultaires et institutionnels. Pour ces personnes, il peut y avoir un grand choc culturel. Elles n’ont peut-être pas dans leur entourage de personnes à l’aise avec le système universitaire et ses rouages administratifs. Elles peuvent développer un syndrome de l’imposteur et devoir recourir au “code-switching” (alternance codique) pour sembler plus à leur place.
Les panélistes ont partagé des initiatives inclusives réalisées par leur établissement d’enseignement. Certaines initiatives touchent le niveau institutionnel, d’autres, la classe. C’est qu’en fait, il y a deux faces au métier étudiant : être une personne étudiante en classe, et être une personne étudiante dans l’institution. J’ai relevé certaines des meilleures pratiques à mettre en place à chacun de ces niveaux.
Au niveau institutionnel :
- Développer des programmes et des activités avec des personnes étudiantes autour de la table pour que leur voix soit entendue ;
- Offrir de la nourriture lors d’activités brise-glace ou d’activités d’accueil (la nourriture, ça rassemble !) ;
- Centraliser les ressources d’aide ;
- Embaucher des personnes diversifiées et créer des programmes de gestion qui favorisent leur rétention ;
- Créer des campus qui sont prêts à accueillir des personnes étudiantes diversifiées plutôt qu’espérer que tous et toutes soient prêts à naviguer le système universitaire.
En classe :
- Apprendre le nom des personnes étudiantes et l’utiliser ;
- Partager votre parcours personnel comme étudiant.e et ce dès les premiers cours (ce que vous êtes confortables de partager bien sûr) ;
- Porter attention aux signaux et tendre la main aux personnes étudiantes qui semblent être en difficulté ;
- Adopter une posture pédagogique inclusive et développer des activités basées sur la conception universelle de l’apprentissage ;
- Fournir aux étudiant.es des grilles d’évaluation critériées et des exemples des travaux ;
- Expliciter les étapes qui permettent de progresser et bien réussir le cours (plan de cours détaillé, échéancier, tableau chronologique, dates de remises inscrites dans Moodle, etc.).
Pour reprendre les mots de Réda Saoui (dans la vidéo partagée plus haut sur l’alternance codique), il s’agit de créer des environnement où les gens se sentent en sécurité et confiants de pouvoir être eux-mêmes.
Est-ce qu’on nivelle vers le bas ? Est-ce qu’on tient trop la main aux personnes étudiantes ? Non, on s’assure simplement de réduire les obstacles et de leur permettre de réussir.