Toutes les institutions d’enseignement de la planète sont actuellement à pied d’oeuvre pour prévoir ce que sera la rentrée sur leurs campus à l’automne. Plusieurs opteront pour un équilibre entre la présence et la distance. Les classes de l’automne risquent donc d’être composées d’un mélange d’étudiantes et d’étudiants en présence, ainsi que d’étudiantes et d’étudiants à distance. Comment faire alors pour créer une dynamique propice à l’apprentissage alors que nos participantes et nos participants seront soit à deux mètres les uns des autres ou carrément à des milliers de mètres?
Derek Bruff, directeur du Center for Teaching de l’Université Vanderbilt, nous offre un condensé de stratégies techno-pédagogiques pour se préparer à enseigner dans une nouvelle réalité où la distance aura toute son importance…! Il nous suggère d’y aller avec les méthodes actives en les adaptant aux caractéristiques technologiques en place. Ce qu’il nous propose provient des nombreux entretiens qu’il a eu avec les enseignantes et enseignants de son Université et lors des entrevues qu’il mène dans une série de balados (podcasts) portant sur la technologie de l’enseignement.
Quelques conditions de départ
Avant d’implanter des stratégies technopédagogiques dans sa formation, il faut s’assurer de respecter certaines conditions technologiques et humaines.
- Il faut penser à permettre aux étudiantes et étudiants en présence de voir et d’entendre les étudiantes et les étudiants en ligne. L’emploi d’un grand écran ou le fait que les étudiantes et les étudiants en présence se connectent à la vidéoconférence sont des avenues à considérer.
- Il faut faire en sorte que tous les participants et participantes puissent participer en temps réel. Les stratégies technopédagogiques qui suivent devraient aider à ce propos.
- Il faut aussi souhaiter que les étudiantes et les étudiants en présence possèdent tous un appareil numérique (cellulaire, tablette ou portable) afin de participer à des stratégies nécessitant un accès à Internet.
- Finalement, il faut prévoir une discussion avec les étudiantes et les étudiants sur la façon dont ils vivent cette nouvelle réalité. Cette partie plus émotive devra sans doute être abordée plus d’une fois durant la session. Cependant, en laissant une place à l’expression des sentiments des étudiantes et étudiants présents et distants, on facilite la création d’un lien social bénéfique à la dynamique de groupe.
Les discussions en plénière
Il s’agit certes d’un défi puisque la captation audio des discussions entre les personnes présentes et distantes risque de causer des maux de têtes. Ici encore l’accès à visioconférence par les étudiantes et les étudiants en présence pourra régler la situation. Si cette avenue est impossible, le branchement d’une ou deux stations communes en salle pourrait recréer la dynamique des assemblées où des micros sont installés pour permettre les questions du public. La gestion des micros ouverts et fermés pour éviter les retours de son pourrait s’avérer complexe.
Les votes en ligne
À l’époque, nous utilisions des télévoteurs (ou “clickers“) pour ce type de sondage en direct, mais de nos jours, nous disposons de nombreuses options pour les systèmes de réponse en classe. L’une d’entre elles consiste à utiliser la fonction de sondage que vous offre votre outil de vidéoconférence.
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Le clavardage en parallèle
Les conversations entre participantes et participants que l’on retrouve dans la zone de clavardage (aussi appelé Chat) de votre application numérique (Zoom, Teams ,…) peuvent très bien aider à créer une dynamique de groupe. Ce clavardage peut aussi servir à prendre en note les questions au fur et à mesure de votre présentation. Il est cependant difficile de gérer votre allocution et les commentaires du Chat. Il s’avère utile alors de confier la gestion du clavardage à une autre personne (un auxiliaire d’enseignement ou un étudiant, par exemples). Le clavardage peut aussi compenser pour un problème de communication audio.
La technique du Jigsaw
Dans un Jigsaw, les étudiants et étudiantes participent à deux séries d’activités en petits groupes. Au cours du premier tour (parfois appelé “groupes de discussion”), chaque groupe d’étudiants se voit confier une lecture ou un sujet différent à discuter. Dans le second tour (“groupes de travail”), les groupes sont reformés de manière à ce que chaque nouveau groupe ait un représentant de chacun des groupes du premier tour. Les groupes de travail sont ensuite invités à apporter à la conversation les perspectives partagées lors des groupes de discussion. Dans la classe hybride, chaque série de groupes peut être facilitée en utilisant les stratégies mentionnées ci-dessus, et les groupes du second tour peuvent être assignés intentionnellement de façon à ce que les étudiantes et étudiants en personne et virtuels interagissent.
Les déplacements physiques
Se déplacer dans une classe sur un échiquier de bulles de 2 mètres peut devenir un obstacle si on désire faire bouger nos étudiants et nos étudiantes. Une technique pédagogique fréquemment utilisée consiste à remettre des Post-it et des marqueurs pour que chacun inscrive ses idées et vienne les coller sur le tableau en avant de la classe. Les étudiants présents en classe pourraient réaliser cet exercice mais en y allant à tour de rôle. Les étudiants distants pourraient inscrire leurs idées sur un document web partagé (style Google doc) qu’un étudiant en classe ré-écrit ou imprime avant de la placer avec les autres au tableau. Finalement, un étudiant présent prend une photo avec son cellulaire et le partage à l’ensemble du groupe.
Quoi d’autre?
D’autres stratégies technopédagogiques sont expliquées dans cet article : le travail en équipe, les exercices écrits, la technique du Fishbowl, … L’auteur nous propose également plusieurs exemples, outils et applications web pour les réaliser. Curieux d’en savoir plus? Cliquez sur l’hyperlien de la source!
Source : Bruff, D., “Active Learning in Hybrid and Physically Distanced Classrooms“, Blogue du Center for Teaching, Université Vanderbilt, Nashville, Tennessee, 11 juin 2020.
Daniel a longtemps été occupé à analyser et concevoir des formations tous azimuts. Il essaie aujourd'hui de faire connaître ses découvertes pédagogiques aux personnes formatrices à la recherche de solutions concrètes.