Paru récemment dans Le Devoir, l’article «Inverser la classe pour faire plus de pratique à l’école», de Miriane Demers-Lemay, nous apprend qu’à l’Université de Montréal (UdeM), des équipes de recherche se penchent sur le phénomène de la classe inversée. L’article est accompagné d’une excellente vidéo d’introduction au phénomène, réalisée par l’équipe du Devoir. Elle y visite la classe de physique de Sébastien Marcotte, enseignant au Cégep Montmorency de Laval.
Interviewé pour l’article, Vincent Laberge, coordonnateur des recherches sur les classes inversées à l’UdeM, nous dit qu’après l’analyse de nombreuses expérimentations de classe inversée, les équipes ont pu constater et identifier des variables indispensables à mettre en place pour que cette expérience soit une réussite.
« La classe inversée permet aux étudiants de faire des apprentissages plus profonds et durables que les cours magistraux […]. En classe magistrale, les élèves peuvent répéter et comprendre la matière du cours. En classe inversée, la matière est mieux maîtrisée. Elle est perçue de manière critique. Elle sert de base pour créer de nouveaux éléments.
Cette approche pédagogique bénéficie principalement au quartile le plus faible de la classe, alors que la performance des autres étudiants reste sensiblement la même, souligne M. Laberge. De fait, on observe entre 10 et 25 % moins d’échecs dans les classes inversées, selon les données d’une vaste revue de littérature, rapporte le chercheur. « Il y a toute cette dimension de l’apprentissage par les pairs qui entre en jeu, ce qui permet aux élèves d’intégrer la matière par différentes manières , explique-t-il.»
Au nombre des conditions de succès identifiées, on note:
- “la classe inversée pousse […] les étudiants à travailler en équipe…”
- “pour que l’étudiant soit motivé à apprendre la théorie à la maison, il doit y avoir un retour sur les notions, ainsi que des évaluations en classe.”
- “…inverser la classe pour uniquement faire des devoirs en classe n’a pas de valeur ajoutée. […] Il faut coupler la classe inversée à des exercices qui rendent l’élève « actif ».”
Car on le sait, la classe inversée peut prendre différents visages selon le niveau d’intégration et le type d’activités qu’on y propose.
«Reste que la technique est peu utilisée. M. Laberge estime qu’environ 2 à 3 % des professeurs des cégeps et des universités de la province utilisent cette technique pédagogique. Des statistiques sont toutefois difficiles à établir, puisque ces enseignants ont beaucoup de liberté dans le choix de leurs techniques pédagogiques. Le chercheur évalue que ce nombre serait en hausse au cours des dernières années.»
Le temps requis pour mettre la méthode en place y est sans doute pour quelque chose: “La classe inversée signifie plus de travail pour l’étudiant… mais beaucoup plus de travail pour l’enseignant, selon M. Laberge. […] Certaines ressources sont toutefois disponibles pour les enseignants qui décident d’adopter cette méthode pédagogique. « Il y a de plus en plus de vidéos de bonne qualité sur YouTube, créés par des enseignants qui ont déjà adopté la classe inversée », souligne M. Laberge. ”
À notre avis, de toutes les pédagogies actives, la classe inversée est un modèle qui use intelligemment des technologies actuelles tout en favorisant la réussite par l’action des étudiants et leur responsabilisation face à l’apprentissage.
Sources:
Demers-Lemay, Miriane, “«Inverser la classe pour faire plus de pratique à l’école», Le Devoir, 20 novembre 2017
Demers-Lemay, Miriane et Guillaume Levasseur, “Classe inversée: Apprendre chez soi, pratiquer en classe“, YouTube – chaîne Le Devoir, 17 novembre 2017
“Tentative de conceptualisation de la classe inversée“, Edupro.net, 14 novembre 2015
Veilleuse pendant plus de 10 ans, mes recherches et sujets d'intérêt tournaient autour des multiples usages de la vidéo à des fins d'enseignement et d'apprentissage. Je resterai, même à la retraite, fidèle lectrice de ce blogue qu'est L'Éveilleur!