Et si les principes de l’éducation ouverte permettaient de rendre le développement et l’utilisation de l’IA plus axés sur le bien-être des humains plutôt que sur la recherche du profit ? C’est la réflexion que proposent Amiel, Cox et de la Higuera dans un article en anglais publié sur le site de l’UNESCO, puis traduit et relayé dans un billet de blogue publié récemment.
L’état actuel du développement des IA dites « ouvertes » s’apparente plus à de « l’open-washing » : une commercialisation de systèmes propriétaires supposément ouverts, mais dont des dimensions fondamentales de leurs écosystèmes techniques demeurent sous leur contrôle strict. La plupart des IA dites ouvertes sont en réalité fermées sur les éléments clés, comme les données d’entrainement, les pondérations, la transparence globale et le travail humain.
Amiel, Cox et de la Higuera proposent d’éviter le piège de considérer les solutions technologiques (dont les IA) comme des réponses complètes à des défis éducatifs complexes. Par exemple, ils soulignent que le discours dominant sur l’IA dans l’éducation favorise l’optimisation et la performance, ce qui n’est certes pas souhaitable dans une approche éducative humaine, basée sur les relations et le développement de l’esprit critique.
Pour contrer la tendance actuelle, les auteurs suggèrent de créer des systèmes d’IA ouverts. Ceux-ci répondraient aux besoins des communautés éducatives plutôt qu’aux actionnaires d’entreprises et permettraient aux éducateurs, chercheurs et étudiants de participer à l’effort de remédier aux biais et limites des systèmes d’IA actuels.
Il s’agit avant tout de repenser l’éducation comme étant un bien public plutôt que d’une marchandise. Cela s’articule parfaitement dans l’usage de pédagogies « approfondies » qui privilégient l’attention et l’établissement de relations significatives avec soi-même, ses semblables, ses proches et le monde naturel. L’usage des ressources éducatives libres (REL) (adaptables et partageables) permettrait de contribuer aux pratiques d’engagement critique, c’est-à-dire de permettre aux personnes étudiantes de porter un regard critique sur ce qui leur est « donné » (méthodes, postulats, conclusions), et de se considérer, avec les personnes enseignantes, comme des cocréateurs actifs de contenus, de technologies et de programmes d’études.
Quelles valeurs sous-tendront la logique de l’IA en éducation? Le bien commun et le bien-être humain ou le profit des entreprises capitalistes? Les auteurs invitent les établissements d’enseignement à mettre en place de toute urgence des moyens pour réagir rapidement et efficacement aux bouleversements causés par l’IA (l’Obvia est par exemple une référence en la matière), en s’appuyant sur les principes de l’éducation ouverte qui permettraient une gouvernance plus participative et mieux adaptée aux besoins humains.
Référence: Amiel, T. , Cox, G., et de la Higuera, C. (s. d.). Principes de l’éducation ouverte : Résister aux métriques des boîtes noires de l’IA – Chaire UNESCO RELIA. Consulté 17 octobre 2025, à l’adresse https://chaireunescorelia.univ-nantes.fr/2025/10/15/principes-de-leducation-ouverte-resister-aux-metriques-des-boites-noires-de-lia/


