Dans le cadre du Congrès de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec qui a eu lieu du 24 au 27 novembre à Québec, j’ai assisté à une présentation qui s’intitulait Les réseaux sociaux, outils de propagande aussi, avec Marie-Claude Ducas, journaliste, chroniqueuse et blogueuse spécialisée en communications, coauteure d’un livre à paraître sur l’utilisation des réseaux sociaux par les entreprises, et Michel Dumais, directeur de l’information du Trait d’union, journaliste et observateur des nouvelles technologies.
Il n’y a pas que les journalises qui découvrent peu à peu l’outil de communication que sont les réseaux sociaux. Les groupes d’intérêts, les partis, les entreprises investissent également les lieux. Ils cherchent à créer une opinion publique virtuelle qui leur soit favorable et à y faire leur spin. Comment ne pas devenir la prochaine victime de cette guerre d’influence?
Michel Dumais a débuté en citant ce commentaire qu’il a entendu d’un relationniste : «Si les journalistes savaient à quel point ils se font avoir dans les réseaux sociaux…» Les journalistes font l’objet d’une surveillance dans les réseaux sociaux, que ce soit par des entreprises ou des politiciens. On les suit pour connaître leurs allégeances que certains journalistes laissent «traîner» dans leurs comptes personnels d’une part, mais aussi pour communiquer avec eux sous le couvert de l’anonymat d’autre part. Leur but : manipuler et censurer. Plusieurs journalistes ont d’ailleurs subi des pressions de groupes d’intérêts visant à les empêcher de partager leurs opinions sur Twitter, par exemple. Le présentateur a rappelé aux journalistes parfois naïfs de demeurer vigilants quant à l’identité de ceux qui communiquent avec eux par le biais des médias sociaux : «Il n’y a pas que des amis qui vous lisent!»
Michel Dumas a mentionné que le journaliste peut lui aussi jouer à ce jeu : se créer une identité bidon et se faire «ami» avec un politicien, par exemple, car plusieurs d’entre eux sont réticents à s’ouvrir aux journalistes. Selon lui, les journalistes devraient s’abstenir d’émettre des opinions personnelles sur leurs comptes Facebook ou Twitter, ce qui pourrait nuire à leur travail.
Marie-Claude Ducas a pour sa part déclaré : «Vous avez des amis sur Facebook mais attention : Facebook n’est pas votre ami!» Selon elle, Facebook est d’abord et avant tout une corporation dont le but est de compiler des renseignements personnels. Elle souligne que les médias sociaux, créés au départ pour les individus, ont été investis par les relations publiques, qui s’y sont développées afin d’user de leur influence. Les médias sociaux offrent un grand potentiel de rejoindre des milliers d’individus. Ils donnent l’impression qu’on est entre nous alors qu’ils sont publics en réalité.
Marie-Claude Ducas a expliqué que les médias sociaux facilitent la surveillance par les entreprises, mais ils peuvent également jouer contre elles lorsque par exemple des vedettes les critiquent publiquement, ou lorsqu’on découvre des supercheries à la Bixi. Bref, il faut demeurer vigilant en s’assurant de connaître quel est l’intérêt que poursuivent les personnes qui communiquent avec nous dans le monde virtuel.