Pédagogique Point chaud / en émergence

Gagner du temps… mais à quel prix?

Dans un argumentaire plaidant pour des modalités de formation plus flexibles, Sandy Baum et Michael McPherson soulignent une idée toute simple: l’importance de considérer le temps requis pour apprendre.

The core fact here, one that receives too little attention in discussions of college finance and productivity, is that student time is an absolutely crucial resource in learning, in the same way that training and practice time are needed for high athletic achievement. You can’t transform your body without time at the gym, and you can’t transform your mind without time in classes, at the computer, in the lab, and with the books.

Pour eux, une solution réside dans des modalités de formation moins rigides qui permettent d’optimiser le temps consacré à l’apprentissage.

Or, à voir l’argumentaire invoqué pour faire la promotion de bon nombre de modalités pédagogiques novatrices, on constate souvent un glissement entre “optimiser son temps” et “réduire son temps”.

La pente est particulièrement glissante dans le cas d’initatives qui mettent de l’avant, justement, leur capacité à “sauver du temps précieux” pour le consacrer à d’autres types d’activités de formation, jugées plus efficaces. On l’a entendu dans le cas de la classe inversée (flipped classroom) , où l’acquisition de connaissances se fait en mode individuel, à la maison, pour réserver le temps de classe à des activités qui permettent leur approfondissement. On peut également s’attendre à l’entendre du côté des MOOC, qui pourraient permettre à un étudiant de se perfectionner de façon plus ciblée selon ses besoins… et ainsi sauver du temps qu’il pourra consacrer à développer d’autres capacités.

Bref, s’il est certainement souhaitable d’optimiser le temps consacré à la formation , il faudrait prendre garde à ce que les moyens mis en place ne mènent pas plutôt à une réduction pure et simple . Ce n’est certainement pas là un scénario mis de l’avant par ceux qui en font la promotion, mais on pourrait bien imaginer que l’idée de compresser le temps requis se révèle, en pratique, fort attirante… et ce pour les institutions comme pour les étudiants.

Source: Sandy Baum et Michael McPherson, “Learning Takes Time“, The Chronicle of Higher Education, 23 juillet 2012.

Quand les mots « étudiant » et « cours » ne veulent plus tout à fait dire la même chose
L'évaluation par les pairs: stratégique, vraiment ?
+ posts

À propos de l'auteur

Catherine Vallières

1 commentaire

  • Il serait intéressant de savoir comment on entraîne l’esprit à apprendre… et s’il faut est possible de le faire avec des pédagogies actives.

Laisser un commentaire