Dans un article de son blogue, le journaliste Pierre Duhamel dénonce le caractère sensationnaliste d’articles du Journal de Montréal en décortiquant leur critique de certaines dépenses de l’Université McGill. Bien que la cible de son article soit la critique de la façon de le JdeM analyse les dépenses gouvernementales (ou para-gouvernementales, dans ce cas), ce sont les informations sur les dépenses de notre concurrence qui m’ont intéressé. L’article complet est un plaidoyer défendant le rôle de représentation important des dirigeants d’universités et les moyens qui doivent soutenir ce rôle. Il fait le lien entre, d’une part, leurs activités de représentations et, d’autre part, le financement et le pouvoir d’attraction des institutions qu’ils représentent.
Ainsi, on apprend que le salaire de la rectrice de McGill est de 360 000$. En plus de son salaire, elle s’est fait rembourser 124 000 dollars de dépenses l’an dernier, notamment pour des frais de voyage. 24 000$ des frais remboursés ont servi à payer une partie des salaires de femme de ménage et de paysagiste pour son domicile. La logique serait que, comme McGill fait partie des vingt universités les plus prestigieuses au monde, il est naturel que sa rectrice voyage et reçoive des dignitaires internationaux, donateurs généreux et chercheurs prestigieux dans un certain décorum. Ce décorum a un prix. Pierre Duhamel propose en comparaison l’Université de Toronto, où le président gagne 484 000 dollars en plus d’être logé sans frais dans une résidence officielle de fonctions. McGill serait donc économe en comparaison de Toronto.
Duhamel cite les résultats des démarches de la rectrice de McGill :
Une partie importante du travail d’un recteur est de faire rayonner l’université. Depuis trois ans, McGill est allé chercher plus de 500 millions de dollars dans le cadre de sa campagne de financement de 750 millions de dollars qui se terminera en 2012. Cet argent servira à attirer et fidéliser les meilleurs professeurs (255 millions), offrir des bourses de recherche et de l’aide financière aux étudiants (225 millions) ou dans les bâtiments et laboratoires (161 millions).
Dans le contexte de la recherche continuelle de sources de revenus pour les universités, on pourrait conclure que McGill décide de dépenser de l’argent pour aller chercher encore plus d’argent, mais aussi du rayonnement. Il s’agit donc d’un investissement. La culture des universités anglophones semble plutôt bien s’en accommoder.