Le besoin de garder son personnel à la fine pointe de la technologie et l’esprit d’initiative semblent être à la base d’un mouvement important de formation continue chez les firmes d’ingénierie. En effet, on observe une grande variété de modes de formation « selon la taille et le champ d’expertise des entreprises. “Les plus petites auront tendance à envoyer leurs employés suivre des cours à l’extérieur, alors que les plus grandes s’en chargeront elles-mêmes”, explique Aline Vandermeer, conseillère en communication pour l’Ordre des ingénieurs du Québec (OIQ). »
Ainsi, « [a]lors que Bombardier et Pratt & Whitney Canada possèdent leur propre université, la PME Groupe Avianor apprend à ses employés à minimiser leur empreinte écologique; quant à la firme de génie-conseil BBA, elle demande à ses ingénieurs de jouer les professeurs en partageant avec leurs collègues ce qu’ils ont appris à l’externe ».
Sans chiffres officiels à l’appui, il semble que plusieurs firmes privilégient la formation à l’interne. L’objectif premier de cette approche serait de contrer la pénurie de main-d’oeuvre. De façon explicite, la Fédération des chambres de commerce du Québec a publié en septembre 2010 « un rapport dans lequel elle recommande fortement aux entreprises de tous azimuts d’offrir, en milieu de travail, de la formation adaptée aux besoins et aux contraintes de ses employés pour faciliter le recrutement et la rétention de personnel ».
Le domaine de l’aérospatiale est un des principaux domaines visés par cette façon de faire. En novembre 2010, cette industrie d’environ 9000 ingénieurs a même organisé le tout premier Sommet sur la formation aérospatiale en entreprise pour discuter de ce sujet. « Selon une évaluation d’Aéro Montréal, les entreprises de ce secteur auront besoin de 50 000 nouveaux travailleurs au cours des 10 prochaines années. Des formations de haut niveau sont donc au menu pour les attirer. »
Les universités en génie de Bombardier et de Pratt & Whitney Canada
Parmi les universités d’entreprise, celles en génie de Bombardier et de Pratt & Whitney Canada se démarquent en offrant des formations de pointe. Chez Bombardier, Geneviève Roy-Thériault, porte-parole, explique qu’« [i]l y a des formations très techniques sur chaque type de génie et d’autres plus spécifiques au travail de chacun comme des formations sur certains outils ou logiciels. Certaines classes durent une heure, d’autres sont données de façon intensive sur quelques semaines. C’est ouvert à tous, du moment qu’il y a un lien avec le poste occupé […]. » De même, depuis 2000, l’université technique de Pratt&Whitney « propose des cursus plus ou moins approfondis allant de la conférence-midi aux formations de 10 ou de 30 heures. En tout, c’est plus de 139 cours qui sont disponibles, dont quelque 95 sont donnés par les experts de l’entreprise et le reste par des gens de l’externe. » Chez la firme BBA, en génie-conseil, on opte plutôt pour le partage de l’expertise acquise à l’externe par certains ingénieurs. Ceci met en commun le savoir à peu de frais tout en créant une bonne dynamique d’équipe.
Source : DUCHAINE, Gabrielle. « Des programmes variés pour attirer les employés », dans La Presse (Montréal), cahier La Presse Affaires, p. 10 ainsi qu’en ligne.
Sans parler d'”universités d’entreprise”, on notait en novembre dernier cette tendance à la formation offerte directement dans les entreprises en Grande-Bretagne, avec l’appui financier du gouvernement.
http://www.ssfudes.com/veille/leveilleur/?p=9237
L’appellation “université d’entreprise”, en outre, m’interpelle; y va-t-on plus loin qu’une formation “à la carte”, des programmes d’études y sont-ils offerts? En tous les cas, il serait fort étonnant que cette appellation ne fasse pas réagir. Sans rien enlever à la qualité et à la pertinence de ces formations offertes localement, il me semble que la confusion qu’elle entraîne avec des formations universitaires plus traditionnelles n’est pas sans conséquence.