Un texte qui a généré beaucoup de commentaires dans le petit univers de la consultance en veille (competitive intelligence ou CI) aux États-Unis et ailleurs dans le monde. Eric Garland (qui se définit lui-même comme un « futuriste » et analyste stratégique) annonce qu’il quitte la profession et explique ses raisons pour le faire.
Ce n’est pas qu’il ne croit plus à la pertinence de la veille, c’est qu’il arrive à la conclusion que bon nombre de gestionnaires dans les grandes organisations ne veulent pas de données réelles sur ce qui se passe sur le terrain. Selon lui, à la suite de la débâcle économique de 2008 et des nombreuses méga-fusions qui s’en suivirent, désormais les tractations politiques influencent davantage l’économie que la loi du marché. Il est donc d’autant plus difficile d’analyser rationnellement les forces en présence. Il s’en prend à une nouvelle génération de veilleurs qui confortent les décideurs dans leurs convictions plutôt que de les confronter aux décisions difficiles qu’ils auraient parfois à prendre.
…The problem is, the market for intelligence is now largely about providing information that makes decision makers feel better, rather than bringing true insights about risk and opportunity. Our future is now being planned by people who seem to put their emotional comfort ahead of making decisions based on real — and often uncomfortable — information. Perhaps one day, the discipline of real intelligence will return triumphantly to the world’s executive suites. Until then, high-priced providers of “strategic intelligence” are only making it harder for their clients — for all of us — to adapt by shielding them from painful truths.
[…]The study of the future used to be easier to sell, maybe because the analysis usually predicted the growth of the consumer economy or the next great gadget. But the future is no longer nearly as palatable, and the customers are less interested. That’s too bad, because companies and governments still need help planning for the future. But it takes discomfort, courage and humility to face that future, and who wants to pay for bad news?
Source : Garland, Eric, « Peak Intel: How So-Called Strategic Intelligence Actually Makes Us Dumber », The Atlantic, 5 avril 2012.