Signalé par Éric Chamberland, un billet publié sur Freakonomics rapporte une pratique singulière : les programmes de MBA des écoles d’administration des universités américaines les plus prestigieuses ont adopté des politiques de non-divulgation des résultats académiques invitant leurs diplômés à ne pas communiquer leurs résultats – et leurs relevés de notes – à des employeurs potentiels. Ces derniers ne peuvent, non plus, en faire directement la demande auprès de l’institution.
Votées par les étudiants et entérinées par les institutions, ces politiques sont présentées comme un moyen d’amener ces étudiants à s’affranchir des notes qu’ils souhaitent obtenir pour s’investir davantage dans leurs études en prenant plus de risques, en participant à des expériences novatrices, en travaillant davantage en collaboration sans craindre d’être désavantagées une fois leur diplôme en poche face à d’autres étudiants qui afficheraient de meilleurs résultats et auraient choisi une voie plus « facile ». En pratique, il semble que le résultat soit plutôt l’inverse et que l’adoption de ce type de politique se traduise par une baisse généralisée de l’investissement des étudiants dans leurs études.
Le billet rapporte la publication d’un article publié par deux économistes expliquant cette pratique par l’effet de signal (« signalling theory ») selon lequel, aux yeux des employeurs, le prestige de ces institutions est tel qu’il apparaît suffisant pour démontrer la valeur des diplômés. En conséquence, ces derniers n’auraient par le fait même plus besoin des « preuves » supplémentaires que pourraient fournir leurs résultats académiques pour mousser leur candidature.
Les commentaires suscités par les articles rapportant ce genre de pratique sont nombreux; au-delà du cynisme qu’ils expriment envers ces étudiants (et futurs dirigeants), ils rappellent à quel point les résultats académiques, aussi relatifs soient-ils, ne sont pas anodins.
Sources:
Matthew Philips, “Why Do Only Top MBA Programs Practice Grade Non-Disclosure?”, Freakonomics, 12 octobre 2011.
Daniel Gottlieb et Kent Smetters, Grade non-disclosure, The National Bureau of Economic Research Working Paper No. 17465, septembre 2011.
“Campus Confidential: Four top-tier B-schools don’t disclose grades. Now that policy is under attack”, Bloomberg Businessweek, 12 septembre 2005.
Anjani Jain, “Proposed honors expansion: context and rationale”, The Wharton Journal, 18 avril 2005