Lundi 20 février 2016, j’ai assisté au Rendez-vous numérique qui se tenait dans le cadre de la Consultation citoyenne sur la Stratégie numérique du Québec. L’activité avait lieu à l’Agora du Carrefour de l’information, de 16 h à 20 h. J’ai dû quitter vers 18 h 15.
Une quarantaine de personnes étaient présentes, mais un panéliste a fait remarqué qu’il s’agissait essentiellement de gens qui naviguent déjà dans ces sphères…
Ces rencontres visent à développer sept thèmes prioritaires identifiés suite aux consultations de cet automne:
- infrastructures numériques,
- développement économique et usages innovants du numérique,
- administration publique efficiente et transparente,
- éducation, enseignement supérieur et développement des compétences numériques,
- villes et territoires intelligents,
- santé et numérique,
- culture et numérique.
Après une allocution d’ouverture par le ministre Luc Fortin, notre vice-rectrice à la formation, la vice-rectrice Lucie Laflamme, a présenté comment l’Université de Sherbrooke entendait utiliser le numérique pour bonifier l’enseignement en présence, à distance ou en mode hybride. Selon elle, les trois piliers du numérique en formation à l’UdeS sont…
- la qualité de la formation,
- le soutien adéquat au personnel lié à l’enseignement,
- la qualité de l’expérience d’apprentissage des étudiants.
La plupart des initiatives qu’elle a présentées sont connues des membres du SSF ou du personnel enseignant intéressé par ces questions (VEO, salles d’apprentissage actif, Moodle, portfolio, etc.). Elle a notamment fait allusion à la Politique d’enrichissement de la formation par le numérique adoptée en décembre 2016. Toutefois, elle a mentionné un projet qui m’est inconnu: Module Zéro. Je vais ouvrir les yeux et les oreilles afin de découvrir de quoi il s’agit…
Ensuite, Yves Seney, directeur des technologies de l’information de la Ville de Sherbrooke, est venu expliquer comment Sherbrooke veut passer de ville intelligente – parmi les 21 meilleures au monde selon un classement où l’on dépose sa candidature – à communauté intelligente. Il a beaucoup insisté sur le fait que la notion de ville (ou communauté) intelligente ne reposait pas seulement sur la technologie, mais aussi sur le développement durable, la transparence et l’accessibilité aux citoyens. Il a mentionné que Sherbrooke attend le Cadre de référence de la stratégie numérique québécoise (à venir à l’automne 2017) afin d’harmoniser sa propre stratégie à ce cadre.
Puis une table ronde a suivi qui réunissait…
- M. Stéphane Roche, professeur titulaire et vice-doyen à la recherche à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique, Université Laval
- M. Éric Desmarais, directeur général, Centre en art actuel Sporobole
- M. Stéphane Ricoul, président et fondateur des Événements eCOM, président et fondateur de l’Accélérateur du numérique
M. Roche a insisté sur le fait que le numérique nous ramène au niveau “glocal” (contraction de global et local). D’après lui, le numérique nous ramène au territoire et au besoin d’être incarné (rapport physique à l’espace). Nous restons très attachés au territoire même si le monde devient globalisé et se dématérialise…
Pour M. Desmarais il faut établir des « espaces d’invention », lieux maillage d’idées, parce que c’est aussi et surtout dans les rencontres physiques – avec des machines à café! – que naissent les innovations. En ce qui concerne la formation, il estime qu’il est plus important d’enseigner aux enfants à développer un rapport critique face au numérique, à comprendre ce que peut et ne peut pas faire la machine. Selon lui, le numérique va poser des questions fondamentales d’identité (on assiste à des réaffirmations identitaires importantes vs. globalité)… Il faut aussi se préparer à d’importants changements dans le monde du travail.
M. Ricoul invite, d’une part, les entreprises et les institutions à braquer ce qu’il appelle un “projecteur numérique” sur les valeurs et les processus de leurs organisations: les zones de lumière deviendront des leviers que l’on pourra actionner immédiatement, alors que les zones d’ombre correspondent aux dimensions où il faudra travailler davantage. D’autre part, il estime qu’il faudra se munir d’indices de maturité numérique. Une stratégie n’est bonne que si elle est mesurée pour évaluer si l’on a atteint nos objectifs. D’après lui, l’avenir est mobile et agile. Il prône une Agence gouvernementale du numérique, plus agile qu’un ministère pour implanter la stratégie numérique gouvernementale.
J’ai pris la carte d’affaires de M. Desmarais. Il me faut aller luncher avec ce visionnaire. Déjà, réussir à faire vivre et fructifier une galerie d’art actuel dans une ville comme Sherbrooke… Réussir à établir des partenariats avec la ville, l’Université, Sherbrooke Innopole, etc. Il vient de se voir octroyer une importante subvention pour faire de Sporobole un laboratoire culturel et scientifique. Il m’impressionne…
Idées en vrac
- Il y aurait un “état esprit numérique” (mindset), différent de la culture numérique. La culture est plus profonde, plus ancrée dans le territoire. (Desmarais et Roche)
- Il faut se méfier des compagnies qui ont des plans d’affairesbasés sur la non-agilité des gouvernements (ex : Uber). (Ricoul)
- Comme il y a des cours de conduite obligatoire , il devrait y avoir des cours de numérique obligatoire… (Ricoul)
Ouvrages mentionnés (qu’il pourrait être intéressant de consulter pour aller plus loin)
- Doueihi, Milad, Pour un humanisme numérique (2011)
- Hamel, Gary, The Future of Management (2007)
- Lussault, Michel, Hyper-lieux, les nouvelles géographies de la mondialisation (2017)
- MRC des Sources, Plan numérique territorial (2016)