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Interne: MoodleMoot Canada 2015: rapport d’étonnement

J’ai participé au plus récent MoodleMoot Canada, qui s’est tenu du 19 au 23 octobre dernier dans les locaux du pavillon Brillant de l’Université de Montréal (UdeM).  Cette rencontre des utilisateurs de l’environnement numérique d’apprentissage Moodle est l’occasion de prendre connaissance des derniers développements autour de la plateforme, de réseauter et partager des expériences avec des interlocuteurs dans le domaine de l’éducation mais aussi des secteurs privé et sans but lucratif.  Plus de 240 personnes étaient inscrites, provenant des quatre coins du Canada et de plusieurs autres pays à travers le monde.  J’y ai notamment rencontré des participants du Québec, d’Alberta et de la Colombie-Britannique, en plus de la Suède, la France, des États-Unis et d’Australie.

Le fondateur de Moodle et président de Moodle HQ, Martin Dougiamas, était sur place pour présenter la nouvelle Association Moodle.  Cette initiative, qui doit démarrer officiellement d’ici la fin de l’automne 2015, a pour objectif de financer les projets de développement du “cœur” de Moodle, suivant un modèle s’apparentant au socio-financement (à la Kickstarter ou Indiegogo) mais où des votes sont accordés en fonction du niveau de membership choisi par ses adhérents.  Les règles de l’Association limitent l’influence des intérêts privés, de participants institutionnels et des individus.  Les partenaires Moodle officiels, qui financent déjà en grande partie les activités de Moodle HQ, ne peuvent y participer, ce qui donne plus de place aux usagers pour faire valoir leurs idées d’améliorations. Les projets ayant reçu le plus grand nombre de votes sont évalués et priorisés par un comité selon un cycle de développement de projet défini par l’Association, qui veille ensuite à assurer l’intégration de nouvelles fonctionnalités à la plateforme.  De cette façon, toute la communauté pourra profiter du résultat de ces développements.  Une participation institutionnelle serait une voie intéressante pour proposer des idées ou appuyer les projets proposés par d’autres usagers.

Parmi les ateliers auxquels j’ai participé, les éléments suivants me sont apparus particulièrement intéressants:

  • Utilisations créatives de Moodle: cet atelier, animé par Anna Sokolovskaya de l’Université de Concordia, a été l’occasion de partager différentes pratiques dans la gestion et l’animation de sites de cours utilisant différents outils disponibles sous Moodle (version 2.6 ou mieux).  Un volet collaboratif a fait ressortir la possibilité d’utiliser des forums d’équipe (pour la gestion de projets), partager les travaux des étudiants à l’ensemble d’un groupe (en effectuant le dépôt d’une archive .zip récupérée d’une remise d’un Devoir sur la page d’accueil du cours) ainsi que l’utilisation du Glossaire pour encourager le partage de ressources trouvées sur le web.  La gestion de ressources de type “page” avec des hyperliens vers des fichiers déposés dans une section orpheline (donc, non-accessible aux étudiants, sauf s’ils en connaissent l’adresse exacte) a été présentée comme une façon de centraliser un ensemble de documents sans avoir à créer des dossiers multiples ou utiliser la fonction des “Fichiers du cours (obsolète)”.
  • BigBlueButton (BB): cet atelier abordait l’utilisation et l’évolution anticipée de l’outil de web conférence libre du même nom.  Un peu de la même façon que WebEx, Via, Adobe Connect et d’autres solutions, BB permet de créer des séances synchrones à partir de Moodle et de gérer les échanges entre participants.  Par contre, il manque encore certaines fonctionnalités qui en empêchent l’adoption dans notre institution à moyen terme (notamment, l’absence d’une option d’échanges en sous-groupes).
  • L’apprenant réflexif ou l’intégration du portfolio Mahara avec Moodle: présenté par André Laflamme, conseiller pédagogique à l’UdeM, cet atelier a été l’occasion de comparer l’utilisation de l’outil de gestion de portfolio Mahara à l’UdeM avec notre propre utilisation à l’UdeS (qui, somme toute, est très similaire).  Le point fort de la présentation a été la clarté avec laquelle le présentateur a su démontrer les différentes étapes du flux de travail des points de vue de l’enseignant qui évalue les productions et des étudiants qui mettent à jour et partagent leurs pages ou collections, notamment dans un contexte d’évaluation de devoirs déposés dans Moodle.
  • PoodLL, un dictaphone sur Studium : cet atelier présentait l’expérience au Centre de langues de l’Université de Montréal avec la suite de modules complémentaires PoodLL, qui permet aux usagers d’enregistrer l’audio et la vidéo à même les outils d’édition HTML présents dans les ressources et activités de la plateforme Moodle. Ces outils offrent plusieurs possibilités intéressantes d’intégration de médias riches à même Moodle, tout en contrôlant la taille des fichiers résultants.  Fort intéressant.
  • Discussion et partage pour les développeurs: animé par l’équipe technique de l’UdeM, cet atelier d’une demie-journée a permis d’effectuer un tour d’horizon des nouvelles technologies en cours d’utilisation ou anticipées pour les prochaines moutures de Moodle, incluant différents langages de programmation web (javascript, JQuery, GRUNT, etc.), des moteurs de gabarits (Mustache) ainsi que certains aspects liés à l’infrastructure serveur requise pour assurer la disponibilité en continue des services web liés à Moodle.   J’y ai découvert entre autres que les ressources mises en place par l’UdeM pour développer la plateforme Studium (Moodle) permettent également de contribuer de façon significative au coeur de Moodle – trois personnes sont dédiées au travail en collaboration avec Moodle HQ en Australie.  De quoi nous faire rêver!

Des présentations ont également abordé de façon plus large l’intégration des technologies dans l’enseignement et l’effet perturbateur de certaines pratiques innovantes du point de vue pédagogique.  Yves Otis de PercoLab a présenté quelques exemples d’approches centrées sur l’apprentissage des étudiants, incluant les Agile Learning Centers (où des écoles adoptent la populaire approche de développement logiciel du même nom pour faciliter le travail d’équipe dans un contexte d’approches par projet) et les cercles d’apprentissage (approche alternative où l’enseignant joue un rôle de “coach” auprès d’étudiants qui choisissent ce sur quoi ils vont travailler et avec quels outils durant leur formation en démarrage d’entreprise, reconnu par un diplôme de niveau baccalauréat en Finlande).  Dave Cormier (connu pour ses travaux sur les MOOCs connectivistes) et sa collègue Bonnie Stewart de UPEI ont pour leur part présenté de façon fort éloquente en quoi l’évolution de l’accès à l’information est en voie de transformer l’éducation à tous les niveaux.

J’ai aussi discuté longuement avec André Laflamme de l’UdeM, Marina Caplain de l’UQAM et Solange Lalonde du réseau de l’éducation en Alberta qui collaborent à définir la gestion de l’évaluation par compétences à même Moodle (projet mené par Damyon Wiese de Moodle HQ).  Il serait éventuellement possible d’y intégrer un ou plusieurs référentiels et d’arrimer les évaluations à un plan de développement préalablement établi entre l’enseignant et ses étudiants, basé par exemple sur les travaux et le modèle développés par Jean Fruitet.  Les spécifications techniques sont en cours d’élaboration et la discussion autour du développement du cadre est active sur le site de moodle.org.

J’ai beaucoup apprécié l’expérience de ce premier MoodleMoot présenté au Québec et des opportunités de réseautage qu’ont occasionné les différents moments de l’événement.  Il y a fort à parier qu’il y aura des retombées pratiques sur le fonctionnement de Moodle à l’UdeS au cours des prochains semestres!

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Marc Couture

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