Pédagogique

Former les scientifiques de demain : apprentissage par problèmes et activités de recherche au 1er cycle

Une lettre ouverte signée par 11 biologistes de renom et parue dans le numéro de janvier 2011 de la revue Science Magazine appelle à revoir l’équilibre entre recherche et enseignement universitaire et, par ricochet, à revoir l’enseignement des sciences tel qu’il se pratique actuellement à l’université.

Les signataires insistent sur l’importance de la formation offerte qui dépasse largement le simple transfert de connaissances: « We should be preparing students for a lifetime of learning about science with an understanding of its power and limitations ».  À cette fin, ils proposent sept pistes d’action visant à développer une culture académique favorable à un enseignement efficace des sciences:

  1. faire connaître au personnel enseignant les fondements, des méthodes pédagogiques et des modalités d’évaluation éprouvées et adaptées à l’enseignement des sciences
  2. reconnaître et valoriser l’excellence en enseignement des sciences
  3. faire de la qualité de l’enseignement un (réel) critère de promotion
  4. créer des mécanismes d’échanges entre enseignants pour améliorer les pratiques pédagogiques
  5. sortir de sa perspective disciplinaire pour partager les bonnes pratiques en enseignement avec d’autres disciplines
  6. se donner les moyens nécessaires (ressources humaines, matérielles, financières) pour soutenir des méthodes pédagogiques éprouvées en enseignement des sciences
  7. obtenir l’appui de la direction

La revue Affaires universitaires a publié à l’été 2010 un article en ce sens, rapportant des initiatives novatrices en enseignement des sciences au premier cycle partout au pays. Plutôt que de consacrer une large part de la formation initiale à acquérir les fondements scientifiques qui seront éventuellement mis en application dans le cadre de leurs recherches quelques années plus tard, ces initiatives veulent placer les étudiants en action le plus rapidement possible en les amenant à enrichir leur bagage de connaissances scientifiques par le biais de la recherche d’une solution à un problème donné.

  • À l’Université McMaster, un programme interdisciplinaire intégré de sciences au premier cycle nommé iSci permet d’examiner des problèmes du point de vue de différentes disciplines.
  • À l’Université Acadia, on offre des laboratoires dans lesquels les étudiants doivent résoudre un problème plutôt que d’appliquer une « recette » pour arriver à un résultat attendu.
  • À l’Université d’Alberta et à l’Université de Colombie-Britannique, l’apprentissage des sciences passe également par la résolution de problèmes.

C’était également le message martelé dans Creating effective undergraduate research programs in sciences , un collectif paru sous la direction de Roman Taraban et Richard L. Blanton en 2008. Autant dans les scénarios pédagogiques rapportés que dans les résutats d’études menées pour en mesurer l’efficacité d’une approche centrée sur la résoultion de problèmes, les auteurs concluaient que d’amener les étudiants à «faire de la recherche», en se servant – et en développant – leur bagage de connaissances scientifiques pour résoudre une problématique concrète, demeurait le meilleur moyen d’enseigner les sciences.

Sources :

W.A. Anderson et al., « Changing the Culture of Science Education at Research Universities”, Science Magazine, vol.331, 14 janvier 2011.

  • La publication de cette lettre fut notamment signalée dans Inside Higher Ed, 14 janvier 2011.

Moira MacDonald, « C’est scientifique! Les sciences s’éloignent de l’enseignement magistral afin de donner aux étudiants le goût de poursuivre leurs études dans le domaine », Affaires universitaires, 16 août 2010.

Roman Taraban et Richard L. Blanton, Creating Effective Undergraduate Research Programs in Science. The Transformation from Student to Scientist. New York, Teacher’s College Press, 2008, 264 p.

Des comptes-rendus de cet ouvrage sont notamment disponibles ici :

La gestion de la relation enseignants-élèves sur Facebook : diverses approches
Le profil de qualifications de la Lumina Foundation (USA) : des finalités de formation à l’échelle nationale
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À propos de l'auteur

Catherine Vallières

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