On apprend dans Le Devoir du 22 février que l’École des hautes études commerciales (HEC) lancera une option offerte entièrement en anglais dans le cadre de sa M. Sc. en gestion; à compter de septembre 2012, les étudiants pourront décrocher une maîtrise en Global Supply Chain Management. Cette option est déjà offerte en français, sous l’appellation Logistique internationale.
Il ne s’agit pas d’une première aux HEC; les étudiants peuvent déjà y obtenir un diplôme de MBA en suivant l’ensemble de leurs activités pédagogiques en anglais. Il s’agit manifestement d’un choix populaire auprès des étudiants; les données figurant sur le site Web de l’institution révèlent qu’à l’automne 2011, la moitié des étudians au MBA ont opté pour la formule intensive offerte en anglais.
Interviewée par Le Devoir, la directrice des communications des HEC précise que cette offre de formation unilingue anglaise est propre au deuxième cycle et se veut une réponse à la forte demande d’étudiants internationaux. Elle fait valoir qu’au premier cycle, le français reste incontournable pour y obtenir son diplôme. Le baccalauréat en administration des affaires comporte trois cheminements : unilingue (français), bilingue (français-anglais, offert à compter de l’automne 2012) ou trilingue (français-anglais-espagnol). Toutes les activités y sont offertes en français, mais certaines sont dédoublées afin de former des groupes cours où l’enseignement s’y déroule en anglais ou en espagnol. Là encore, la perspective semble attirante pour bien des étudiants; en septembre prochain, le baccalauréat unilingue sera offert à neuf groupes, le baccalauréat bilingue à cinq groupes et le baccalauréat trilingue à deux groupes.
On pouvait anticiper qu’une telle annonce susciterait de vives réactions. L’article cite Jean-Paul Perreault, président d’Impératif français, qui décrie la place croissante qu’occupe l’anglais dans des institutions d’enseignement francophones. Les lecteurs sont également nombreux à déplorer la situation dans les commentaires publiés à la suite de l’article. Si l’institution se défend en faisant valoir la richesse que représence ce métissage linguistique en ces murs ainsi que les bénéfices qu’en retirent les futurs gestionnaires qu’elle forme, une telle décision ne fait manifestement pas l’unanimité.
Source: Lisa-Marie Gervais, « Une maîtrise 100% en anglais », Le Devoir, 22 février 2012
Michel Patry, directeur de HEC Montréal, répond à Michel David du Devoir qui critiquait la décision de l’École :
http://www.hec.ca/nouvelles/2012/nouv_201218_francophones_aux_affaires.html
“… [N]ous encourageons nos étudiants à s’ouvrir au monde. Annuellement, plusieurs centaines d’étudiants vont passer un trimestre dans une autre grande école internationale. Inversement, nous accueillons environ 400 étudiants en stage d’études, qui deviendront autant d’ambassadeurs du Québec. Notre offre de cours dans d’autres langues prépare également nos étudiants à participer à des compétitions internationales où ils représentent fièrement le Québec.
[…]
Loin de favoriser une anglicisation, notre stratégie renforce le français au Québec, attire chez nous des Québécois francophones (et bon nombre d’étudiants étrangers) qui auraient pu choisir d’étudier en anglais (au Québec ou ailleurs) afin d’obtenir l’assurance de maîtriser plus d’une langue, condition essentielle de la pratique du commerce au XXIe siècle.”