Compétitive Pédagogique Point chaud / en émergence

Interne : Des décideurs réfléchissent à l’innovation pédagogique dans les universités canadiennes

La revue Affaires Universitaires annonce dans son numéro de janvier 2011 la tenue d’un atelier de l’Association des Universités et Collèges du Canada (AUCC) portant sur l’enseignement au premier cycle universitaire. Réservé aux recteurs et vice-recteurs à l’enseignement des universités canadiennes, cet atelier se tiendra à Halifax du 6 au 8 mars 2011 et vise à réévaluer le modèle pédagogique dominant encore aujourd’hui sur les campus, soit celui de l’exposé magistral basé sur la transmission des connaissances aux novices.

Les participants se poseront notamment la question à savoir dans quelle mesure une telle approche permet réellement d’optimiser l’apprentissage d’étudiants qui se trouvent alors confinés à un rôle plutôt passif. Compte tenu du contexte actuel où les budgets sont limités, l’exercice vise à s’interroger à savoir si d’autres façons de faire ne pourraient pas amener de meilleurs résultats, et ce en tenant compte des contraintes auxquelles doivent faire face les universités. Dans cette optique, on annonce que non seulement les méthodes pédagogiques seront-elles examinées, mais que l’atelier s’attardera également aux stratégies d’élaboration de programmes d’études.

Pour guider les discussions, cinq questions seront posées aux participants :

  • Qu’est-ce que les étudiants devront être en mesure d’accomplir au terme de leur cours ou de leur programme?
  • Quelles méthodes pédagogiques ou quels programmes d’études pouvons-nous concevoir pour les aider à y parvenir?
  • Quelles ressources exploiter dans la conception des méthodes d’apprentissage?
  • En tant qu’établissement ou éducateurs, que pouvons-nous faire pour mettre ces ressources au service de l’apprentissage des étudiants?
  • Comment saurons-nous si nous avons réussi ou pas?

L’article évoque également quelques obstacles au développement de telles innovations à l’échelle d’une institution :

  • La difficulté liée au besoin de changer le paradigme prévalant, qui doit passer de celui centré sur l’enseignement à celui centré sur l’apprentissage
  • Les mécanismes de financement universitaire qui favorisent présentement l’accès aux études plutôt que l‘amélioration de la qualité de la formation
  • La lourdeur des changements qu’implique un tel virage sur le plan organisationnel, sur la gestion académique des programmes

Pour appuyer leur propos, les auteurs proposent cinq exemples d’innovations pédagogiques au premier cycle universitaire :

1) Le collège américain Alverno au Wisconsin propose des modalités d’évaluation innovantes (absence de notes accordées au terme du cours, contribution d’évaluateurs externes et modalités d’autoévaluation, explicitation de critères d’évaluation basées notamment sur huit « aptitudes » de base communes à l’ensemble des programmes)

2) L’Université Quest en Colombie-Britannique n’offre qu’un seul programme où les cours sont offerts de façon intensive (sur 18 jours de classe consécutifs), ce qui rend possible des formules pédagogiques complètement novatrices qui peuvent impliquer de multiples lieux et diverses modalités d’enseignement à l’intérieur d’un seul cours.

3) L’UQAM a mis sur pied un projet de jumelage d’étudiants en éducation, en travail social, en développement de carrière et en français langue seconde, où les travaux et activités permettent à chaque catégorie d’étudiants d’apprendre au contact des autres.

4) À l’Université de Sudbury, les étudiants de théologie et d’études autochtones peuvent suivre un programme leur permettant, dès le premier cycle, de s’initier à la recherche (par le biais par exemple de participation à des colloques et à des publications savantes)

5) Aux universités McMaster, Dalhousie, Sherbrooke et du Nouveau-Brunswick, l’apprentissage par résolution de problèmes est adopté dans quelques programmes d’études. Une démarche similaire mise en place à l’Université de Guelph (« inquiry-based approach ») a été mise en place dans une série de cours plus conventionnels, avec de bons résultats.

Il est clair que des changements tels ceux évoqués ci-haut existent déjà, à l’UdeS comme ailleurs, à l’échelle d’un cours ou parfois même à l’échelle d’un programme. Il est donc intéressant de voir une telle thématique retenue dans le cadre d’une réflexion menée par les décideurs autour de cette question, signe qu’elle pourrait mener à des actions plus concertées à l’échelle d’une institution.

Source : Pierre Zundel et Patrick Deane, « Il est temps de transformer l’enseignement au premier cycle », Affaires universitaires, vol. 52, no 1, janvier 2011. Article publié en ligne le 6 décembre 2010.

Un nouveau réseau social collaboratif avec Quora
"Curator", éclaireur, rédacteur-en-chef ou veilleur? Une vieille tendance?
+ posts

À propos de l'auteur

Catherine Vallières

Laisser un commentaire