Pédagogique

Contribution étudiante à un manuel libre

cinq personnes lors du lancement du manuel

Dans un article précédent, j’ai fait mention d’un lancement de deux manuels libres en géomatique le 30 avril dernier. À cette occasion, j’ai fait la rencontre de personnes étudiantes qui ont participé à un projet de création de manuels libres. Au cours de nos échanges, j’ai pu constater à quel point cette expérience avait été positive pour elles et qu’elles étaient en mesure de nommer les retombées de leur participation.

C’est dans ce contexte que je leur ai proposé de rédiger un court article afin de faire rayonner l’implication étudiante relativement à la création de ressources éducatives libres (REL). Je leur ai soumis les cinq questions suivantes, avec consigne de répondre en 2 ou 3 phrases maximum.

Loek Pascaud

Étudiant à la maîtrise en géomatique appliquée et télédétection

Sujets d’intérêts : pergélisol, écosystèmes aquatiques, changements climatiques et impacts reliés

Manuel libre: Méthode d’analyse spatiale (2024)

Marie-Clara Delage

Étudiante de 3e année au baccalauréat en géomatique appliquée à l’environnement

Sujets d’intérêts : télédétection, problématiques liées aux changements climatiques

Manuel libre: Méthodes de régression spatiale (2025)

 

Victor Bibeau

Étudiant de 3e année au baccalauréat en géomatique appliquée à l’environnement

Sujets d’intérêts : limnologie, télédétection et géologie

Manuel libre: Méthodes de régression spatiale (2025)

1. Décrivez le rôle que vous avez joué dans la création de ce livre.

Loek :  Mon rôle a surtout été lié à la révision du contenu textuel : avec mon collègue et ami Gaël Machemin, on a lu le manuscrit deux fois (heureusement pas trois 😅) pour repérer incohérences, fautes ou passages qui méritaient clarification. Disons que « relecture critique » résume bien notre implication.

Marie-Clara : En collaboration avec trois autres étudiants du bac, j’ai co-corrigé le tome 3 de la série Un grand bol d’R. Notre objectif était de passer le livre au peigne fin afin de repérer les coquilles et, dans certains cas, de proposer des ajustements.

Victor : J’ai participé à la révision et à la correction du livre. Je devais m’assurer que le texte et le code du livre n’avaient pas de coquilles, mais surtout qu’il soit compréhensible.

2. Quels apprentissages avez-vous effectués dans le cadre de ce projet? Ces apprentissages peuvent être de l’ordre de la discipline traitée, de l’ordre de la méthode de travail, de l’ordre émotionnel, etc. :

Loek : Outre de découvrir comment effectuer une relecture critique, ça m’a permis de revisiter certains concepts vus au bac ou en maîtrise, et d’en découvrir de nouveaux (ou plutôt d’en redécouvrir!)

Marie-Clara : Bien entendu, après avoir lu avec beaucoup d’attention ce livre, j’ai fait plusieurs apprentissages, notamment en lien avec la thématique du livre, soit les techniques de régression spatiale en R. Au-delà de cet aspect, ce travail m’a permis de développer une certaine méthodologie de révision. De nos jours, avec les technologies d’IAg, il devient de plus en plus rare de réviser un texte ou un document dans son intégralité de manière approfondie.

Victor : J’ai bien sûr grandement approfondi mes connaissances en régression spatiale. J’ai également développé mes connaissances en écriture de contenu scientifique, car j’ai analysé la structure et les tournures de phrases qui étaient employées dans le livre.

3. Votre participation à ce projet vous a-t-il permis de développer des compétences ou d’effectuer des apprentissages complémentaires à votre cheminement scolaire?

Loek : Oui! Le livre m’a motivé à tester certaines approches méthodologiques sur mes propres données, notamment l’autocorrélation spatiale et la régression spatiale. Et la présence du professeur Philippe Apparicio au département (et sa passion pour R) a certainement teinté mon parcours. C’est le cas d’autres étudiants aussi, j’en suis pas mal certain!

Marie-Clara : Pour réaliser ce travail de révision en équipe, il a fallu faire preuve de méthodologie afin de ne pas laisser passer d’erreurs, être attentif aux commentaires des autres pour proposer des corrections logiques et cohérentes, et surtout, faire preuve de persévérance ! Je ne surprendrai personne en disant que réviser du texte et du code peut parfois s’avérer périlleux !

Victor : La révision du livre m’a aidé à mieux comprendre les mathématiques et le processus qui se déroule derrière mon ordinateur, ce qui peut me venir en aide lorsqu’il y a une erreur qui apparait avec un algorithme de régression que j’utilise. J’ai également un nouvel outil pour m’aider si jamais je fais de la programmation et si je dois faire des régressions.

4. Selon vous, qu’apporte la contribution étudiante à un projet de manuel libre?

Loek : C’est une belle opportunité pour les étudiants, à la fois sur le plan financier (soyons honnêtes !), mais aussi et en termes d’apprentissage. J’ignorais complètement l’existence de la fabriqueREL et ce que c’était qu’une ressource éducative libre (manuel libre). J’ai trouvé intéressant de voir comment un projet ouvert et collaboratif peut prendre forme.

Marie-Clara : Dans un contexte où la clientèle cible d’un tel livre est l’étudiant, il me semble très pertinent, voire incontournable, d’avoir le pouls de quelques étudiants à propos de l’ouvrage. Les personnes étudiantes peuvent signaler des erreurs, proposer des reformulations plus accessibles ou même suggérer des ajouts qui répondent mieux à leurs besoins d’apprentissage.

Victor : La contribution d’étudiantes et d’étudiants apporte un autre point de vue au livre : nous avons moins d’expertise dans le sujet que les professeurs qui écrivent le livre, ainsi nous comprenons la matière d’une façon différente. Cette différence peut aider à rendre le livre plus accessible à des personnes ayant moins de savoirs sur le sujet. De ce fait, nous avons pu signaler les sections qui étaient plus complexes et arides à comprendre.

5. Question Joker – commentaires libres sur le projet, votre participation (question facultative) :

Loek : À quand un manuel libre sur R et/ou Python appliqué à l’Arctique ? Je pourrais combiner deux sujets d’intérêts!

Marie-Clara : Cette implication a un effet positif sur l’engagement et la motivation. Les étudiants-réviseurs se sentent valorisés, deviennent des parties prenantes du projet éducatif et développent un esprit critique vis-à-vis du matériel pédagogique en plus d’en retirer un gain financier!

Victor : Je trouve qu’il est essentiel à l’épanouissement de la communauté scientifique que d’autres outils comme ce livre soient publiés. Le livre rend un savoir précis accessible à tout le monde en utilisant des plateformes et des outils gratuits. Il est maintenant possible d’étendre les savoirs des professeurs (et étudiants) à l’extérieur de leur communauté.

Photo : de gauche à droite: Loek Pascaud et son collègue Gaël Machemin au Nunavut accompagné de Maittuq; Marie-Clara Delage en sortie terrain (en forêt et en montagne).

La contribution étudiante est appréciable, tant par les responsables de projet que par les étudiants et étudiantes. Qu’ils soient de 1er, 2e ou 3e cycle, ce sont des parties prenantes qui peuvent contribuer de manière significative à la diffusion de savoirs disciplinaires de qualité.

À la croisée des différentes perspectives (étudiantes et professorales), se trouve un équilibre judicieux qui, mis à profit en contexte de création de REL, permet d’arriver à une qualité optimale de rédaction.


Photo d’entête : Une partie de l’équipe ayant contribué au projet lors du lancement (de gauche à droite : Pr Samuel Foucher, Pr Jérôme Théau, directeur du Département de géomatique appliquée, Marie-Clara Delage, étudiante de troisième année au baccalauréat en géomatique appliquée à l’environnement, Loek Pascaud, étudiant à la maitrise en géomatique appliquée et Pr Philippe Apparicio).

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À propos de l'auteur

Marianne Dubé

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