À la suite de la lecture de l’article de Marie-France Cardinal, « Passer de 30 [degrés] à -30 [degrés] pour étudier », dans le cahier Affaires de La Presse du mardi 7 février 2012, ma curiosité a été piquée par le dynamisme de Cégep international. Cet organisme, initié en 1992, assume « depuis 2008, la gestion des programmes de mobilité internationale étudiante et enseignante financés par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport ainsi que des programmes destinés aux étudiants étrangers. » Il fait partie de la Fédération des cégeps et a pour objectif « de diffuser l’enseignement technique à l’étranger ». La Fédération s’est donc donné des moyens concrets pour suivre activement la tendance à l’internationalisation qui fait vibrer le recrutement universitaire depuis quelques années déjà..
De l’étranger vers le Québec
Ainsi, grâce au programme Cégep mobilité Québec, 40 élèves néo-calédoniens viennent depuis cinq ans étudier au Cégep de Sept-Îles afin de former une main-d’oeuvre qualifiée pour l’industrie minière de ce pays qui compte des milliers de postes à combler. Bien que la formation soit aussi offerte dans des lycées français à Nouméa, la capitale de la Nouvelle-Calédonie, les étudiants acceptent volontiers de faire plus de 17 ooo km pour venir étudier à Sept-Îles et pouvoir faire des stages en entreprise, ce qui n’est pas inclus dans la formation française.
En consultant le site de Cégep international, on constate que le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) n’hésite pas à dérouler le tapis rouge afin de stimuler les inscriptions. En effet, le MELS « a attribué au réseau des cégeps un quota de 235 exemptions de droits de scolarité supplémentaires exigibles des étudiants étrangers en 2012-2013. Cégep international assure la gestion de ce programme pour le réseau des cégeps. […] Ce programme vise à augmenter le nombre d’étudiants étrangers inscrits dans un programme technique en vue d’y obtenir le Diplôme d’études collégiales (DEC). » À cela s’ajoutent évidemment les traditionnelles bourses d’excellence pour étudiants étrangers.
Du Québec vers l’étranger
Les cégepiens québécois ne sont pas en reste puisque eux aussi bénéficient de bourses pour des formations à l’étranger. Il existe notamment des bourses pour des séjours en partenariat avec des universités technologiques au Mexique. Cégep international présente également des bourses de courts séjours pour des étudiants québécois. « Doté d’un budget annuel de 400 000 $ ce programme vise l’octroi de bourses pour des stages ATE, des stages crédités ou des séjours d’étude dans un établissement partenaire d’une durée d’au moins six semaines à l’étranger. Les étudiants bénéficient ainsi de bourses dont le montant maximum varie de 750 $ à 1 000 $ mensuellement pour la durée du séjour. »
Création de chaires de recherche à l’ordre collégial
Enfin, dans la même mouvance que les universités, voici qu’apparaissent les chaires de recherche à l’ordre collégial. Ainsi, c’est avec fierté que Cégep international annonce que « [l]e Cégep Marie-Victorin a procédé le mardi 27 septembre [2011], au lancement de la Chaire UNESCO de recherche appliquée pour l’éducation en prison, la toute première Chaire UNESCO à voir le jour dans un établissement d’enseignement collégial au Canada! »
Que conclure? Peut-on espérer que l’activation de Cégep international soutiendra l’ordre universitaire dans son recrutement d’étudiants internationaux qui, à la suite d’un DEC, même technique, souhaiteront poursuivre leurs études dans une université québécoise ou peut-on penser qu’en faisant oeuvre de grande séduction, l’organisme détournera vers des programmes collégiaux des élèves qui autrement auraient étudié à l’université, ne serait-ce qu’avec la motivation d’aller faire des séjours ponctuels à l’étranger au cours de leur formation? La question reste entière…
Source : CARDINAL, Marie-France. « Passer de 30 [degrés] à -30 [degrés] pour étudier », dans le cahier Affaires de La Presse (Montréal), mardi 7 février 2012, p. 2.