La parution du livre Academically Adrift continue de faire des vagues. La revue britannique Times Higher Education en a signalé la publication et les principales conclusions, ce qui a eu tôt fait de susciter bon nombre de commentaires de leurs lecteurs. De leur côté, The Chronicle of Higher Education et Inside Higher Ed ont tous les deux fait état de critiques quant à la méthodologie employée et aux conclusions avancées.
On y trouve notamment des réactions des tenants de l’apprentissage collaboratif, ébranlés d’y lire que l’étude en groupe se révèle moins efficace que l’étude individuelle. Ils déplorent notamment le peu de détails donnés entourant le contexte de l’étude en question : l’étude en groupe était-elle le fait d’un rassemblement spontané, d’une préférence personnelle ou d’une exigence du professeur? Ils soulèvent la question de l’image négative du travail de groupe que donnent les auteurs de l’étude, alors qu’on sait que lorsque bien encadrée, une expérience d’apprentissage collaboratif peut au contraire se révéler fort enrichissante au plan pédagogique
D’autres signalent que si les tests révèlent peu d’apprentissages significatifs en lien avec les habiletés cognitives de haut niveau (lecture, écriture, analyse critique), ils n’ont pas évalué pour autant les apprentissages disciplinaires et qu’à ce titre, le livre peut véhiculer une image dévastatrice d’une formation qui, par ailleurs, peut être efficace à d’autres égards.
Reste que dans l’ensemble les commentateurs s’entendent pour souligner la pertinence de l’exercice et la valeur de la réflexion que la parution de ces résultats a pu susciter. On espère par ailleurs qu’un tel intérêt perdure et permette d’identifier des pistes de solutions qui, aux dires de l’auteur principal de la recherche, passent par la mise en place d’une nouvelle «rigueur académique». À ses yeux, en aucun cas cette rigueur académique ne devrait être imposée de l’extérieur; elle devrait plutôt émerger des institutions elles-mêmes, comme le rapporte David Glenn :
“It might sound trite, Mr. Arum says, but those observations boil down to the lesson that colleges must find ways to build cultures of academic rigor. He says that task is something that each campus will need to do for itself. It would be a huge mistake, he believes, for the government to impose a new learning-accountability regime from outside.”
Sources :
Jon Marcus, “Academically adrift’? Authors question learning standards in US academy”, Times Higher Education, 20 janvier 2011.
David Glenn, ” New Book Lays Failure to Learn on Colleges’ Doorsteps “, Chronicle of Higher Education, 18 janvier 2011
Allie Grasgreen, “So, Students Don’t Learn — Now What?“, Inside Higher Ed, 19 janvier 2011
Le Chronicle of Higher Education fait également paraître un extrait du livre :
Richard Arum et Josipa Roksa, “Are Undergraduates Actually Learning Anything?” Chronicle of Higher Education, 18 janvier 2011