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Étudiants internationaux : un rapport accablant sur l’expérience de quatre universités australiennes

L’ombudsman de l’État* de Victoria a déposé le 27 octobre dernier un rapport au parlement victorien intitulé Investigation into how universities deal with international students.

Voici les faits saillants du sommaire exécutif de l’ombudsman

  • L’ombudsman reçoit régulièrement des plaintes venant du personnel et des étudiants au sujet des universités.
  • Ces dernières années, la manière dont les universités se comportent avec les étudiants internationaux a retenu son attention. 
  • Le nombre d’étudiants internationaux a triplé entre 2000 et 2009, année il a atteint tout près de 67 000. 
  • Le nombre de plaintes d’étudiants internationaux a plus que triplé en 4 ans, passant de 176 à 534.
  • Un nombre croissant d’étudiants internationaux arrivent à peine à se communiquer en anglais et ce, même si les universités disent s’assurer qu’ils maîtrisent suffisamment l’anglais avant de les admettre; certaines universités étant la source de plus de plaintes que d’autres.
  • En même temps, l’ombudsman a reçu des révélations alléguant des actes d’inconduite de la part d’étudiants internationaux tels que corruption et demande de traitements de faveur.
  • La formation internationale a généré en 2009-2010 5,9 milliards pour l’économie victorienne.

Les enquêteurs de l’ombudsman ont porté leur attention sur un échantillon de quatre universités victorienne; ils ont parlé à des professeurs de plusieurs disciplines (en particulier de sciences comptables et de sciences infirmières), à des administrateurs et à des professionnels des services aux étudiants; ils ont analysé les renseignements fournis par les universités ciblées. 

L’enquête a mis en lumière trois problématiques touchant particulièrement les étudiants internationaux :

  • les exigences de maîtrise de l’anglais pour l’admission sont parfois diminuées afin de recruter un maximum d’étudiants internationaux (qui sont fort payants);
    • il en résulte que les étudiants arrivent difficilement à suivre dans leurs cours et à rendre des travaux dans un anglais acceptable;  les exigences de réussite académique font l’objet de diverses entorses ou manœuvres :  du côté des enseignants, on privilégiera le travail en équipe plutôt que les évaluations individuelles ; on demandera un travail supplémentaire pour faire monter la note;  du côté des étudiants : on note des cas de plagiat et des tentatives de corruption; 
  • la réglementation interne est existante mais le traitement des plaintes pour manquement, abus, conflit, différend est parfois laxiste, notamment parce que les universités sont prises dans une double contrainte : le maintien des revenus provenant du recrutement d’étudiants internationaux et la réputation de la qualité de la formation qu’elle offre.

Le rapport complet se lit très bien.  Il est toutefois étonnant de constater que certains passages sont écrits au JE, comme c’est le cas ici : I am not satisfied that the regulatory arrangements for universities and international students have been effective in addressing the problems and tensions that have arisen during the recent growth in international student enrolments. (p. 71).  Il faut que l’homme, dans sa fonction, soit bien puissant !  ou bien soutenu par son gouvernement!

Les recommandations sont au nombre de 17 et elles visent toutes les universités de l’État de Victoria.  Certaines sont extrêmement contraignantes en termes de dates auxquelles les actions doivent avoir été faites et à qui doivent être acheminés les preuves de changement.  À titre d’exemple, voici le texte de la recommandation 1 :  Review their minimum IELTS (NDLR : test d’anglais) scores for admission to courses based on evidence about the academic needs and performance of students by mid-2012, and provide the findings to my office.

Dans un article paru le lendemain dans The Age, Sarah-Jane Collins relève les recommandations suivantes :

  • changer le processus d’admission afin qu’on y retrouve l’obligation pour tous les étudiants d’avoir réussi un cours de langue dans les 12 mois précédant l’admission
  • revoir annuellement les exigences de réussite académique
  • nommer des examinateurs externes pour rendre compte des exigences de réussite académique et des modes d’évaluation;
  • commander à une firme indépendante une étude sur la triche et la corruption  et faire parvenir les résultats au bureau de l’ombudsman.

Par ailleurs, l’ombudsman recommande aux universités de se doter de systèmes leur permettant de disposer de données de gestion, notamment pour suivre l’évolution de la performance académique des étudiants internationaux ainsi que l’évolution des plaintes et des appels. 

* L’Australie est divisée en 6 états.

Sources :

Collins, Sarah-Jane,  “Report critical of universities“, The Age. 28 octobre 2011

Taylor, John R. (Acting ombudsman), Investigation into how universities deal with international students,  Victorian government printer, Victoria, Australie, 26 octobre 2011.

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À propos de l'auteur

Sonia Morin

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